Un roman honnête, peut-être un peu trop sage

Sur le papier il n'était pas évident de m'intéresser à un sujet tel que les prémices de la paléontologie et de la recherche de fossiles. Mais, je dois admettre que j'ai pris un certain plaisir à parcourir le roman de Tracy Chevalier, prouvant une nouvelle fois que ce n'est décidément pas un sujet qui fait un livre, mais bien un auteur.
Le roman de Tracy Chevalier tient une de ses forces dans sa certaine habileté à projeter le lecteur dans cette petite ville aux falaises frappées par la mer. Le décor est planté de façon fort réussie, et donne l'impression au lecteur d'être présent, sur ces plages, contre ces rochers, à fouiller dans le sable, dans la roche, à guetter la marée.
Le sujet abordé permet à l'auteur d'aborder autant le féminisme que l'aveuglement religieux. Peut-être de façon un peu trop prononcée d'ailleurs, les pensées intérieures des deux protagonistes principales donnent parfois l'impression d'une projection des idées de Tracy Chevalier plus que de deux femmes de cette époque. En d'autres termes, ce n'est plus une femme du début du XIXè siècle qui parle et projette ses idées, mais une du XXIè siècle, et cela manque parfois un peu de justesse. Même si les notions de féminisme et de religion sont évidents dans ce roman, il me semble que certaines pensées des personnages sonnent un peu faux, comme trop poussées.
Le livre souffre aussi d'une certaine torpeur par moment. On sent bien que, comme tout bon roman de cette époque qui se respecte, les robes et les habits serrés de ces mesdemoiselles brident un peu leur sentiment et leur révolte. Mais un peu plus de folie et de hargne n'aurait été pas malvenu non plus par moment de la part de l'auteure.
Tout de même, elle a le mérite de garder son cap et de tenir jusqu'au bout son sujet. Bizarrement, l'intrigue tient tout du long et parvient à capter le lecteur. On prend un certain plaisir à tourner les pages, emmitouflés dans un plaid avec une boisson chaude à côté. Pour accompagner ses soirées d'hiver.
Mais le livre souffre tout de même des défauts de certains biopics anglo-saxon, il est fort probable qu'il ne m'en restera pas grand chose dans quelques temps. Qu'importe, le plaisir pris sur le moment est déjà une satisfaction.