Ravage
7.2
Ravage

livre de René Barjavel (1943)

LA référence de la science-fiction française, qui m'a toutefois laissée dubitative.

J'ai aimé la description du Paris futuriste qui prête à sourire et tombe assez juste, finalement. Puis le basculement du roman au moment de la catastrophe. Pas d'alien, de météorites, non, juste la fin des appareils électriques, qui ébranle totalement la société moderne. En quelques jours, Paris puis toute la France tombent dans le chaos. Panique, pillages, incendies, choléra, horreur. Barjavel décrit magistralement cette apocalypse et donne à réfléchir à la trop grande place qu'occupe la technologie dans nos vies. Et si tout cela s'arrêtait du jour au lendemain ?

Cet aspect du roman s'avère palpitante portée par une écriture forte. Les descriptions des cataclysmes et comportements humains frappent aux tripes ; on sent de plus la justesse de la cascade d'événements découlant d'un arrêt hypothétique des forces électriques.

On suit les aventures d'un groupe de survivants autour du personnage de François. Et c'est un peu là la partie dérangeante du roman. A savoir que, vulgairement parlant, François est un connard. Violent, misogyne, ne se remettant jamais en question, ne faisant preuve d'aucune empathie, voire cruel. Selon le bon vieux principe du manger ou être mangé, ces qualités permettront la survie du groupe. Cela est un peu dérangeant, mais face à l'apocalypse, en effet, il faut ce qu'il faut.

En revanche la dernière partie - relatant l'établissement d'un nouvel ordre mené par François - est assez révoltante. Grosso modo François installe une dictature basée sur la polygamie (les filles, faut bien faire un effort pour repeupler la planète), l'interdiction de l'alcool (sous peine de mort), des livres (organisation d'autodafés). Comme j'aime bien prendre l'apéro, bouquiner et que j'ai quelques principes féministes, j'étais pas trop trop emballée, forcément.

Ceci dit, faut-il y lire une glorification du travail-famille-patrie pétainiste, ou une critique des excès inverses au tout technologique (l'intransigeance de François finit par lui coûter la vie) ?

Bref, un bon roman catastrophe avec de fortes descriptions de l'apocalypse, mais émaillé d'idéologie assez nauséabonde. La Nuit des Temps, lue il y a quelques années, ne m'avait pas paru contenir les mêmes défauts. Malgré tout très novateur, surtout pour 1942, au final La Route n'a rien inventé...
Marionelle
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le 21 sept. 2013

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Marionelle

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