Redshirts
6.6
Redshirts

livre de John Scalzi ()

Le jeune enseigne Andrew Dahl jubile !
Après avoir passé plusieurs années cloîtré au sein d'une académie spatiale ennuyeuse, il décroche enfin sa toute première affectation à bord d'un vaisseau de l'Union Universelle. Mais pas sur n'importe quel vaisseau ! Sur le seul et unique Intrépide, dirigé de main de maître par l’inébranlable capitaine Abernathy.
Ravi de cette promotion, Andrew va rapidement se rendre compte que sa situation n'est pas des plus enviables.
Pour une raison inconnue, l’intrépide dispose du plus haut taux de mortalité de toute l'histoire de l’aéronavale.
Chaque mission se termine obligatoirement par la mort d'un ou plusieurs membres d'équipage. Fait encore plus étrange, les 4 officiers supérieurs du vaisseau sont systématiquement épargnés par cet étrange phénomène.
Incompétence, complot, malédiction ? Andrew Dahl a bien l'intention de percer cet étrange mystère qui plane sur l’Intrépide depuis bien trop longtemps.


Pour ceux qui ne connaissent pas, le terme Redshirt est utilisé pour désigner un personnage sans importance et sans consistance qui ne sert qu'a apporter un peu de tension dramatique et à souligner la dangerosité d'un élément en mourant dans d'atroces souffrances.
Concrètement, un Redshirt c'est un kleenex scénaristique très utilisé dans les domaines du cinéma et de la série télévisée. (vous savez comme dans Interstellar avec les Dr truc et bidules qui meurent en cours de route pour mettre en avant le danger que représente l'exploration spatiale)
Mais pourquoi Redshirt ? Et bien parce que dans Star Trek, les membres d’équipage inconnus qui partaient en mission d'exploration aux cotés du capitaine et qui n'en revenait pas portaient, en grande majorité, un uniforme rouge. C'est con mais porter du rouge à bord de l’Enterprise diminue drastiquement vos chances de survie.*


John Scalzi, à travers son nouveau livre intitulé sobrement...Redshirts propose une histoire située dans un univers de SF aux allures de pastiche qui s'inspire grandement de l’ambiance de Star Trek et assimilés.
Ici, le héros de l'histoire n'est ni le capitaine, ni l'officier scientifique mais bel et bien un Redshirt qui découvre progressivement son statut de personnage secondaire sacrifiable et qui tente par tous les moyens de survivre à sa folle aventure.
Redshirts est donc avant tout un livre parodique qui tourne en dérision la narration désuète des vieilles séries et les processus scénaristiques usés à outrance.
Malheureusement, si l'idée de base était pour le moins alléchante, le livre, une fois entre les mains s'avère décevant et en particulier sur un point capital : l'humour.


L’insignifiance des Redshirts, les abus de Deus Ex machina, le jeu théâtral de certains acteurs, l’invraisemblance des dialogues, les aberrations scientifiques, tout cela est abordé mais de façon si lourde et si appuyée que cela en devient redondant.
John Scalzi dispose d'un sens de l'humour discutable dénué de finesse qui oscille constamment entre le moquerie sympathique mais répétitive et la blague graveleuse d'ado attardé à base de branlette, cul, sperme et autres joyeusetés bien beaufs et pas marrantes pour un sous.
Globalement, le prologue mise à part, je n'ai jamais rigolé au cours de ma lecture de Redshirts, un comble pour un livre de SF qui se veut comique et parodique.
Tout est lourd, gras, forcé et navrant. Il n'y a même pas de références sympathiques sur Star Trek en dehors de la présence des redshirts ou de références à d'autres séries de SF.


Et malheureusement, l'humour c'est un peu la seule chose que le livre propose étant donné que le récit est conçu comme une parodie dénuée de profondeur et de style d'écriture plaisant.
Les personnages sont inintéressants, l'univers n'a aucune consistance et les dialogues sont plats pour ne pas dire chiants.
L'effet est voulu mais du coup, le livre ne dispose que de très peu de qualités.
La seule bonne idée du récit est que, arrivé à la seconde partie, il brise le quatrième mur en projetant les membres de l’intrépide dans notre monde, ce qui permet de renouveler un peu le souffle de l'intrigue mais de façon très maladroite.


En réalité le livre n'est qu'une gigantesque mise en abyme du monde de la scénarisation sauf que ce n'est pas drôle, pas inventif, peu pertinent et complètement à coté de la plaque.
Parler des défauts des séries c'est bien, mais prendre en compte l'évolution de la narration au fil des décennies, c'est mieux.
John Scalzi s'attache à pointer du doigt des aberrations scénaristiques qui sont aujourd'hui minoritaires et d'autres qui sont malheureusement nécessaires car sans alternatives.
De plus, c'est très bien de mettre en avant les défauts de Star Trek, mais si c'est pour ensuite ne jamais parler de ses qualités et de son évolution cela en devient complètement idiot et partisan.
Lors de ma lecture, j'avais l'impression d’être un face d'un français peu curieux fan de Stargate qui sort le fameux « iz on des pyjamas lol mdr cet tro vieu» sans s’intéresser un minimum à toute la richesse que recèle l'univers de Star Trek.*


Comble de la chose, l'auteur finit son livre sur un exercice de style des plus arrogants où il alterne sans aucune finesse les points de vue de différents personnages dont son « alter-ego » qui expose son avis complètement biaisé sur le monde de la narration télévisuelle.


Finalement, Redshirts, au mépris du danger, malgré une idée de base extrêmement prometteuse est un livre médiocre qui, en plus d'offrir un humour douteux digne d'un collégien en pleine découverte des mystères de la sexualité, propose des idées confuses et une verve sans panache. Pas désagréable à lire mais effarant de paresse.


Vous voulez une véritable critique sur le monde de la série de SF, sur la narration et les redshirts ? Une œuvre qui critique les défauts de Star Trek tout en lui rendant hommage ? Regardez plutôt le fantastique et intelligent Galaxy Quest qui offre à la SF le meilleur des Redshirts en la personne de Sam Rockwell.
Sinon, tournez-vous vers les livres de Frédéric Brown.


Scalzi, reviens à tes vieux blockbusters comme Le Vieil Homme Et La Guerre, c'était nettement plus sympa et surtout moins bâclé.


Asarkias
4
Écrit par

Créée

le 11 juin 2015

Critique lue 729 fois

4 j'aime

Asarkias

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