Pourquoi est-ce si facile à lire ? Des phrases courtes, des dialogues simples, des descriptions d’un monde ordinaire… mais pas seulement. Pourquoi n’est-ce pas ennuyeux ? Il y a une intrigue policière, un cheminement pour comprendre une histoire que l’on devine tragique… mais pas seulement. Pourquoi est-ce poignant ? Le thème de l’identité nous touche forcément, mais pas seulement…
C’est en finissant ce roman que je comprends la force de l’écriture de Modiano. Il devient son personnage, pense, parle, avance et regarde comme lui. Le lecteur est happé et devient une ombre qui le suit. On ressent la solitude et l’angoisse du personnage amnésique en quête de son histoire. On perçoit, comme lui par bribes, l’atmosphère de l’époque et des relations humaines qui se sont évanouies dans sa mémoire. La restitution de l’époque de la seconde guerre mondiale, du décor comme de la société évoquée, est totale. Là encore, la mise en scène se fait à travers l’œil des personnages, comme la simple transcription de leurs souvenirs. C’est sobre, mélancolique, mystérieux.
Modiano est un virtuose.
Le Goncourt pour ce roman en 1978, le Nobel pour l’ensemble de son œuvre en 2014.
Kitou_Lor
8
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le 1 mars 2015

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Kitou Lor

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