Houellebecq and I, avons de nombreux points communs*.
Il aime Huysmans et moi aussi, tout comme il écoute sûrement Nick Drake lorsqu'il lit. Il a de plus cette ironie misanthropique que j'affectionne et que peu de gens autour de moi reconnaissent pour ce qu'elle est. Cette amertume teintée d'ironie face à la bêtise renouvelée et pourtant constante d'un monde sans étonnement.
Au point que l'écrivain justement fasse le pari d'un possible paysage politique et social français qui, au fond, n'est plus si loin de notre réalité. Un paysage s'appuyant sur la courbe montante des mentalités rétrogrades actuelles d'où qu'elles viennent.
Continuateur du grand Huysmans, l'universitaire mis en scène par Houellebecq se veut décadent dans une Europe elle-même décadente vouée à être renouvelée par la mystique islamiste, par la repopulation arabe. Si par ennui, sécheresse mentale son héros hésite à la conversion, l'attrait de quelques femmes serviles aura-t-il raison de sa raison ?
Ce petit confort bourgeois qui semble tant importer à Huysmans est-il supérieur à toute idée religieuse chez cet érudit solitaire ?
La thèse est tentante car si il est bien une question que la mystique gonfle à éclater, c'est bien celle de la souffrance. Cet insupportable dolorisme chrétien qu'aucun homme sensé ne souhaite, a-t-il entrainé la décadence de notre civilisation écoeurée de s'être roulée dans autant de guerres immondes ?
D'un style fluide, pervers se vautrant peut-être une peu trop dans la pornographie le roman file sous nos yeux et nous étonne toujours. Si Houellebecq est loin d'avoir cette beauté formelle qui nous emportait aussi chez Huysmans, cette poésie amère qui le caractérisait, il est son méritant disciple.
- Mais je ne fume pas et bois modérément.