Sherlock Thrawn

Nouvelle plongée au cœur de la machine Impériale après l'excellent Tarkin.

Je crois que ces romans de l'Univers Étendu sont mes préférés, tout simplement car ils sont moins manichéens (jusqu'à une certaine limite). Ce roman nous fait en effet suivre l’ascension de Thrawn au poste de Grand Amiral, et d'Arihnda Pryce à celui de Gouverneur de Lothal - deux personnages récurrents des saisons 3 et 4 de Star Wars Rebels.
Ma lecture fut savoureuse, car en parallèle la série s'achevait en concluant au moins pour un temps l'histoire de ce(s) personnage(s) ; qui sont de gros méchants vraiment pas gentils dans Star Wars Rebels (qui je trouve est une très bonne série, surtout après ce final magnifique).

Thrawn retrouve ici les qualités de stratège qu'on lui connait, mais a aussi un certain nombre de valeurs et de principes totalement absents de la série (où il n'hésite pas à tuer des civils). Cette incohérence comportementale peut peut-être s'expliquer par le contexte, ou alors par une évolution de Thrawn dans la suite à venir du roman (Alliances), mais c'est un peu gros.
Il me semble avoir lu un commentaire quelque-part disant que Timothy Zahn s'était attaché au personnage, et avait décidé de transformer l’infâme salopard de l'Univers Légendes en anti-héros qui se sert de l'Empire et accepte le mal qu'il répand à court terme pour sauver l'univers connu sur le long terme de cette fameuse menace venant des Territoires Inconnus.
Thrawn a même un coté touchant et attachant, par son incompréhension naïve des manœuvres politiciennes dans cette société irrationnelle qu'il ne connait pas (encore).

Pryce quant à elle bénéficie elle aussi d'un traitement plus recherché, bien qu'elle reste une sacrée saloperie sans scrupules malgré tout. Le fait que Thrawn la traître comme une simple subordonnée incompétente dans la série (alors qu'ils sont bien plus égaux dans le roman) peut s'expliquer par les actions de celle-ci, ou celles à venir.

Venons-en au troisième personnage principal de ce roman, Eli Vanto. Si Thrawn joue les Sherlock durant tout le roman, alors Vanto est son Watson. Le personnage est un peu creux, à la manière d'un Harry Potter, afin de faciliter l'identification du lecteur je suppose.
J'ai particulièrement apprécié cette réflexion sur les écoles de la Bordure Extérieure ("provinciales" pourrait-on dire) et les écoles centrales plus prestigieuses, tellement raccord avec le monde réel. L'univers Star Wars me fait d'ailleurs bien plus penser à une réflexion globale sur le continent Européen que sur les States : la centralisation des pouvoirs, les classes sociales, les inégalités, la discrimination... Avec un coté peut-être un peu caricatural, mais pertinent, pas trop orienté en plus, sauf concernant les sujets sociétaux.
C'est en tous cas intéressant d'un point de vue institutionnel.

Ce roman m'a très vite fait penser à Tarkin, Thrawn expliquant initialement ses motivations par de supposées attaques de pirates dans sa région natale. Il faut dire que les deux romans partagent des thèmes communs, à ceci près que Tarkin est un enfoiré fini, même si je l'adore comme H2L. La qualité intrinsèque du roman elle-même m'a fait penser à James Luceno, bien que ma préférence aille à celui-ci (pour l'instant, car c'est le seul roman de Zahn que j'ai lu étant donné que je n'ai pas touché à l'UEL, et qu'il comporte quelques défauts).
Plus encore, Tarkin est le seul roman de l'UE auquel Thrawn fait référence, avec la fameuse reine pirate Q'anah, dont la funeste destinée est l'un des temps forts de Tarkin.

Avec Une Nouvelle Aube, Thrawn constitue donc une bonne introduction à Rebels. Une Nouvelle Aube nous a montré des "gentils" plus adultes et ambigus, et Thrawn fait de-même avec les antagonistes, ce qui me fait espérer un roman adulte réunissant tout ce beau monde durant l'époque de la série.

Concernant les points faibles, j'en relèverai quelques-uns : le manque de descriptions d'abord, surtout des personnages - à part Palpatine et Thrawn, je crois que personne n'est décrit. Et le "twist" final, maladroit voire malhonnête, concernant l'exil de Thrawn ; même si on peut supposer qu'il a falsifié son journal au cas où il serait découvert, je trouve ça moyen.
J'ai aussi toujours du mal avec les batailles spatiales que je n'arrive pas à visualiser ; comme les scènes d'action en général, mais ça c'est propre à tous les romans Star Wars (ex fictif et maladroit : "il lève le bras, il tourne sur lui-même et part à droite en reculant" ===> je décroche même si ça continue sur deux pages).
Heureusement, ça reste limité (sauf à la fin) contrairement à Les Seigneurs des Sith qui même s'il avait un intrigue inintéressante était bien trop manichéen et blindé de descriptions d'actions à mon goût. Mais je dérive.

Pour ce qui est du manque d'informations sur les liens entre Thrawn et Anakin, ses liens avec l'Empereur, la menace inconnue, la mission d'Eli... J'attends avec impatience ce qu'Alliances nous contera.