Un savant mélange entre de l’anticipation et du thriller (avec même une tendance vers les thriller politique). L’équilibre fonctionne et le récit est haletant. Même si on est déstabilisé dans la première partie entre les nombreux points de vue, chacun va apporter une approche différente de l’intrigue pour au final se rejoindre. Même si certains personnages ne se croisent, ou ne suspectent même pas l’existence des autres, tous sont plus ou moins connectés d’une façon ou d’une autre ; ce qui donne à l’ensemble de l’intrigue la forme d’une fresque épique à grande échelle. Sans pour autant oublier l’échelle humaine des personnages, où chacun va devoir affronter ses propres défis, remettre en cause ses propres convictions, ou bien agir selon ce qu’elles lui dictent.
L’univers même décrit par Étienne Cunge est aussi riche et passionnant que le récit lui-même. Que ce soit par ce monde post-apo qui décrit cet effondrement avec une crédibilité rare, qui nous parle et explore des aspects qu’on n’envisage pas forcément ; ou bien que ce soit par l’équilibre des pouvoirs dans cet nouveau monde. Bien sûr, on verse presque dans la caricature dans les quatre pôles principaux, mais cela s’inscrit dans une logique narrative assez cohérente, et dresse un portrait pas si différent de notre société actuelle. C’est ce qui rend Symphonie atomique aussi palpitant. Pas seulement qu’on veuille en connaître la fin (qui aura un petit goût doux et amer bien dosé), mais surtout parce qu’on se sent embarqué par la plume de l’auteur dans un monde différent, imaginaire, futuriste, et pourtant familier.
Bref, un roman finement dosé entre ces différents genres, bien rythmé. Il ne nous émerveillera peut-être pas, mais cet univers très visuel, très tangible, réussira à nous captiver et susciter notre imagination.