Un univers aseptisé et glaçant, un hymne d’amour à la Terre et à la vie

J’ai beaucoup aimé ce roman. J’ai commencé tranquillement, puis je l’ai dévoré, de plus en plus vite. J’ai particulièrement adhéré à l’univers de science-fiction créé par Jean-Claude Mourlevat (c’était d’ailleurs le point fort du « Combat d’hiver »). Il y a beaucoup de dystopies ces derniers mois, mais j’ai trouvé que celle-ci avait son originalité, elle apporte quelque chose.

L’intrigue est bien menée par l’auteur. Dès le départ, nous avons les clés pour comprendre le monde dans lequel nous évoluons, mais de nombreux rebondissements relancent sans cesse l’intérêt du lecteur. J’ai lu la seconde moitié du livre pratiquement d’une traite tant j’avais envie de savoir comment les héros s’en sortiraient.

Et c’est justement là que le bât blesse : j’ai trouvé que certains obstacles étaient franchis de manière un peu trop simple, et notamment les deux derniers (je ne veux pas en dire plus pour ne pas spoiler ceux qui ne l’ont pas lus). Les personnages ont lutté et ont couru de grands dangers jusqu’ici, mais arrivés au dénouement, il ne se passe presque rien. C’est pour moi le principal (et pratiquement le seul) point négatif de ce livre.

Au cours de ma lecture, j’ai également déploré un certain manque d’émotions. En effet, on connaît les sentiments des personnages, mais on reste assez en surface, cela manque un peu de profondeur. Mais peu à peu, on comprend pourquoi : la faute en revient au monde aseptisé dans lequel évoluent les personnages, qui annihile en quelque sorte les émotions. De plus, de l’émotion est arrivée au cours du roman, au fur et à mesure que les personnages s’attachent les uns aux autres. Mais c’est la scène familiale finale autour d’une cabine téléphonique qui m’a le plus bouleversée, en quelques petits mots : « J’ai froid Papa, tu viens ? ».

J’ai rapidement éprouvé de la sympathie pour le personnage d’Anne, de l’admiration pour sa force, sa détermination à aller jusqu’au bout pour retrouver sa sœur. Néanmoins, je ne me suis pas véritablement attachée à elle, du fait du léger manque d’émotions évoqué plus haut.

En revanche, j’ai aimé les personnages secondaires, et j’ai apprécié que l’auteur nous permette de suivre leurs pensées lors de certains chapitres. Qu’il s’agisse des soldats hybrides Bran et Torkensen, de la régisseuse d’hôtel Madame Stormiwell ou des autres personnages de ce monde étrange, tous ont une originalité, tous sont intéressants. Le seule personnage dont je n’ai pas vraiment saisi l’utilité, c’est celui de l’écrivain, Etienne Virgil.

Ce roman est porté par l’écriture agréable de Jean-Claude Mourlevat qui est élaborée mais fluide. C’est un livre qui se lit sans difficulté, on peut le dévorer et tourner les pages à toute allure lorsque le suspense est insoutenable ! J’ai particulièrement aimé les descriptions de paysages, très réussies, j’avais l’impression de pouvoir les visualiser.

S’il y a une chose à retenir, c’est le message véhiculé par ce roman. Il y a tout d’abord une réflexion intéressante sur la recherche du progrès médical, sur notre obsession de nous tenir à l’écart de tout microbe. Mais ce roman est avant tout une sublime déclaration d’amour à la planète Terre, un hymne à la vie, et ce message m’a touchée. Il est bon de se souvenir quelle chance nous avons d’être ici, en vie, dans ce monde imparfait mais plein de surprises.

C’est un excellent roman à l’intrigue palpitante, et qui comporte un très beau message, une déclaration d’amour à notre planète. Si ce n’est pas un coup de cœur, c’est uniquement parce qu’il m’a manqué une petite étincelle et que la manière de franchir certains obstacles ne m’a pas totalement convaincue. Mais je vous le recommande !
Stellabloggeuse
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le 2 nov. 2014

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