Evie a quatorze ans et traine son ennui et son mal-être entre une mère dépassée et une meilleure amie qu'elle fréquente plus par habitude que par affection. Quand elle se dispute avec cette dernière, elle se tourne vers la fascinante Suzanne. Une fille un peu en marge, un peu bancale, mais extrêmement intrigante. Evie la suit alors dans une secte dirigée par le charismatique Russel. Alors elle s'éloigne de plus en plus de sa mère, attirée par la violence de ce groupe. Ce roman est inspiré de l'atroce histoire de Charles Manson et de sa "famille" qui ont perpétré une série de meurtres dans les années 60.
La description de l'adolescence est extrêmement juste. L'auteur nous décrit les rêves, les maladresses et les moments de honte des adolescentes. Le personnage de Evie est plein de finesse et l'on comprend trop bien comment les désillusions et le mal-être adolescent aveuglent et conduisent au drame. On voit Evie plonger, sans pouvoir la retenir, et construire son identité de femme dans un marasme de violences et de désillusions. L'auteur décrit parfaitement cette quête d'attention et de sens désespérée des adolescents, ce trouble du passage à l'age adulte.
L'intrigue est maitrisée et brillante, les réflexions sur la féminité et l'adolescence extrêmement lucides. C'est un premier roman à l’écriture lumineuse. Les personnages sont en constant mouvement, en quête de liberté, de sens, d'une place dans le monde. L'amour, la haine, la honte et la colère se mêlent dans cette communauté bancale et cruelle.
C'est un premier roman criant de vérité qui parle de la quête de soi, et même si le cadre hippie est daté, le propos reste très actuel.