Le prélude s'ouvre sur "Soit tu effaces cette histoire, ou on t'efface toi. Et peut-être ta famille. Mais on commencera par eux, pour apprendre ta leçon avant de mourir."
Jake Aldelstein est un journaliste américain qui a travaillé au Japon du début des années 90 à la fin des années 2000. Il raconte comment il est entré dans le plus grand journal du pays et comment on y travaille dans la section criminelle. Comment entretenir de bonnes relations avec ses contacts dans la police et aussi avec les yakusas. Le Japon étant une société très codifiée, on apprend avec lui à y naviguer en rigolant de ses gaffes mais aussi en constatant que son métier est assez dangereux. On y croise des policiers honnêtes, d'autres moins, des yakusas old-school et modernes, le FBI et même la CIA. Chaque chapitre est une "histoire" mais comme chacune d'entre elles se travaille dans la longueur (souvent des mois voire des années), il y a des "cross-over" de temps à autres.
L'auteur se présente sous un jour plutôt positif même s'il n'hésite pas à montrer une part un peu plus sombre concernant sa famille et quelques choix moraux discutables. Mais, globalement, on est comme les hôtesses japonaises avec lui: on l'aime bien, on tombe rapidement sous son charme.
Les histoires montrent un éventail assez large de la criminalité que l'on peut trouver au Japon (là où un meurtre fait la Une de tous les journaux tant c'est rare), très souvent liée aux yakusas mais pas forcément. C'est sur eux que son travail porte le plus et, c'est un cliché mais il faut croire qu'il est vrai, on peut voir que tout le code d'honneur qui existait auparavant (aussi biaisé pouvait-il être) disparaît au simple profit de l'argent.
L'écriture est hyper efficace, les personnages très bien rendus ainsi que les différentes ambiances: les bureaux du journal, les quartiers chauds de Tokyo, les lieux de police.
Une "suite" existe Le Dernier des Yakusas où menacé une fois de plus de mort, il engage un yakusa qui n'accepte que s'il écrit sa biographie.