Je suis rentré dans cette lecture dans de bonnes conditions, invité par mon père: il avait été marqué par la proximité entre le héros et moi, tous deux ayant passé notre enfance à Toulouse, tous deux avec un lien fort avec le Danemark. Mais je dois avouer que je me suis forcé à terminer.


Pour quelle raison? C'est assez diffus. L'étrangeté qui m'a le plus marqué est le caractère encyclopédique d'un grand nombre de passages, y compris dans les moments supposément les plus émotionnels du récits. Par exemple, le passage sur la vocation religieuse du père du narrateur déclenchée par la vision de l'église ensablée de Skagen est contre-tout attente l'occasion d'un déballage de précisions techniques (nombre de m de hauteur de l'édifice, etc.) qui paraissent tout droit sorti d'un article de Wikipédia, et que ne viendrait pas justifier, par exemple, un goût extravagant du narrateur pour des détails anecdotiques. Même impression avec les discours rapportés du compagnon de geôles et ses Harley Davidson ou avec la ville de Thetford Mines...


Je ne comprends pas non plus l'intérêt de la section de la trame générale en deux récits parallèle, le présent carcéral et le passé au sens large. Si la prison avait été le temps de l'introspection, introspection parfois interrompue par les soubresauts de la vie de cachot, ce récit aurait été plus vivant! Mais non. Les deux récits restent hermétiquement juxtaposés, sauf peut-être dans les quelques pages finales où ils se rejoignent dans une – je dois l'avouer – belle scène de cloture! La tension qui se dégage de ce moment anodin de baignade dans une piscine de copropriété permet de voir à quelles émotions l'auteur est capable de mener.


Car ce sont ces moments aux sein de la copropriété de l'Excelsior, ce complexe résidentiel huppé dont le narrateur fut l'intendant, qui seuls m'ont enthousiasmés. Les amitiés de couloir, les règlements de comptes dans les conseils d'administration, les guerres de piscines... toutes ces descriptions sonnent justes: les tournées techniques du narrateur, les changements d'atmosphère au gré des emménagements et des départs des résidents... et finalement la piscine qui, mais doute trop progressivement, s'installe comme élément majeur du destin du narrateur.

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le 1 mai 2020

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Arthur Katossky

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