Toutes ces vies qu'on abandonne par dodie

Annecy, décembre 2018, l'armistice est signé, la guerre est finie. Mais les soldats blessés continuent d'arriver du front.
Claire, une jeune novice se prépare à prononcer ces vœux. Elle travaille comme infirmière dans le service pour aliénés du professeur Tournier.
Lorsqu'arrive un homme encore jeune dans un état cataleptique, elle se voit confier la tâche de ramener à la conscience ce patient emmuré dans son silence et une souffrance interne.

Il est très souvent fait cas des "Gueules cassées" de la première guerre mondiale. Mais on ne parle pas beaucoup des autres grands blessés, ceux dont les cicatrices sont invisibles. Ils sont très nombreux à être revenus porteurs de ce qu'on connaît trop bien aujourd'hui, un choc post-traumatique. En 1918, la psychiatrie et la psychanalyse n'en étaient qu'à leurs prémices. Les médecins "aliénistes" étaient peu nombreux et leur science peu répandue.
C'est à ces soldats, ces équipes médicales que Virginie Ollagnier rend hommage dans ce roman, à travers l'histoire de Claire, une jeune femme volontaire, personnage très attachant et le récit de cette prise en charge.
En toile de fond, des souvenirs de l'enfer des combats tranchent avec la joie de vivre de Claire.

Une écriture sobre qui ne sombre pas dans un déluge d'horreurs, des personnages secondaires tout aussi attachants que Claire, un tableau du monde hospitalier au début du XXème siècle: tout ceci forme un roman très réussi et agréable à lire.