Ce livre, je l’ai choisi pour son éditeur. Gallimard, c’est toujours un bon choix, d’autant plus que je venais de terminer un livre du même éditeur (Une découverte) qui m’avait beaucoup plu.
Quel ne fût pas ma surprise lorsque je découvris que « Un certain M. Piekielny » était le digne héritier de « Une découverte » ! Le premier publié en 2017, le second en 1989 sont l’histoire des écrivains respectifs de ces romans (François-Henri Désérable et Ariel Denis) sur leur recherche, vaine, d’un personnage et d’une situation romanesque. Les deux sont animés par leur amour d’un auteur et de son art. Romain Gary pour François-Henri Désérable, Heimito von Doderer pour Ariel Denis.
Difficile à dire si j’ai aimé ce roman pour son exactitute ou pour sa ressemblance avec « Une découverte ». En effet, ce dernier m’a passionné, je trouvais cette plongée dans le monde fermé des auteurs et leur rapport avec leur lecteurs très juste et je me suis reconnue dans ce récit. Cependant, comme beaucoup des livres que j’ai aimé, « Une découverte » ne se déroule pas de nos jours mais dans les années 80, il y a donc toujours cette distance immanquable avec ce que nous vivons en tant que lecteur aujourd’hui.
Pourtant, François-Henri Désérable a réussi à capter ce qu’il m’avait manqué dans « Une découverte ». Je n’arretais pas de me redire « le récit se déroule aujourd’hui. Le récit se déroule aujourd’hui » ce qui me fascinait d’autant plus car il y avait ce romantisme que je n’arrive à trouver, d’habitude, que dans les romans d’auteurs disparu.
Je n’ai jamais lu quoique ce soit de Romain Gary (ou d’Émile Ajar !) et pourtant, cela ne m’a pas empêché de me sentir proche des sentiments du narrateur, de la fascination que Romain Gary, au travers de M. Piekielny, exerçait sur son auteur.
Ce qui est aussi très intéressant est la manière presque irréelle dont François-Henri Désérable raconte sa quête. Il voyage, il fouille, il interroge et finalement déploit une énergie considérable pour un personnage qui n’a peut-être jamais existé. M. Piekielny est la matérialisation de la peur de la page blanche mais devient aussi une icône des êtres humains devenus immortels grâce à la littérature.
Cher François-Henri Désérable, je ne sais pas si vous avez lu « Une découverte » mais je vous remercie pour cette justesse, pour ce petit plus qui m’avait manqué dans le roman de Ariel Denis. Vous avez même réussi à me piquer au vif et à me pousser à lire, enfin, du Romain Gary.