Gérard Fulmard est le patronyme banal d’un homme banal qui vit seul dans son appartement de la rue Erlanger à Paris. Un petit homme banal, bien tranquille et sans emploi qui prend la décision de créer son agence de renseignements, le Cabinet Fulmard Assistance, s’imaginant déjà détective. Cette initiative va le conduire bien loin de ce qu’il imaginait lorsque sa route croise celle d’un obscur parti politique en mal de notoriété, la FPI (Fédération Populaire Indépendante).
Ce personnage de Gérard Fulmard est à l’opposé du héros et traverse la vie avec une certaine nonchalance enchaînant les échecs et se retrouvant malgré lui à devoir gérer des situations qui le dépassent.
Difficile de rendre compte de ce livre dont les nombreuses péripéties et digressions sont surtout des prétextes à déployer tout l’art narratif et la dérision du romancier.
Jean Echenoz est un auteur que je retrouve toujours avec un égal plaisir. J’aime son style, son humour, sa manière de traiter l’histoire et les personnages, cette fausse désinvolture qu’il cultive de livre en livre et cette façon très particulière qu’il a de s’emparer d’un univers pour en casser les codes. Ici l’univers du polar et celui du monde politique sont étroitement mêlés donnant l’occasion à Jean Echenoz de pousser loin la satire et le pastiche.
Je ne mentirai pas toutefois en disant que ce livre restera à jamais gravé dans ma mémoire. S’il est un véritable bonheur de lecture, il est aussi assez vite oublié. Un plaisir fugace en somme mais 2 heures de lecture qui font oublier le quotidien grâce à son côté totalement décalé, à une écriture riche qui donne toute l’ampleur du talent de Jean Echenoz à combiner les styles et à une maitrise parfaite de l’humour. Un roman réjouissant donc, parfait pour s’échapper quelques heures.