Après l'émerveillement absolu suscité par la lecture de Vingt Mille Lieues sous les Mers, Voyage au centre de la Terre m'a fait assez logiquement l'effet d'une ébauche, d'une rampe de lancement préparant la mise en orbite du véritable chef-d'oeuvre de Jules Verne. Il est très difficile de ne pas faire la navette comparative entre les deux récits tant les ingrédients de base sont similaires, mettant en scène un scientifique et son compagnon que l'on suit dans de fantastiques aventures, quelque part dans les vierges replis de la planète.
Mais là où l'un emmène le lecteur dans des contrées qui confinent au merveilleux avec une poésie exquise, l'autre peine à trouver un angle vraiment décoiffant. La verticalité, l'omniprésence du minéral, une relative chaleur et l'obscurité absolue sont en effet autant d'éléments qui ne suscitent pas de grande surprise. C'est l'univers allégorique de la grotte que l'on explore avec le Professeur Lindenbrock, son neveu Axel et Hans leur ange-gardien Islandais, là où le roman aquatique de Jules Verne nous donnait à découvrir un véritable monde parallèle, immense, bruissant de vie, de couleurs et de magie. Vingt Mille Lieues sous les Mers offrait aussi une dimension philosophique, un parfum de mystère incarné par le Capitaine Némo et son formidable Nautilius, quand Voyage au Centre de la Terre, en fait de profondeur, se contente de celle physique parcourue par ses protagonistes. La fin est également assez décevante, on sent que l'auteur est lui-même un peu encombré à force d'avoir ainsi enfoncé ses personnages aussi profondément vers ce qui risquait un peu plus à chaque page de se transformer en impasse définitive. Ainsi, la pirouette finale assurant le salut des intrépides et leur retour sur le plancher des vaches manque cruellement de subtilité.
Il faut indéniablement avoir gardé une âme d'enfant pour découvrir l'oeuvre de Jules Verne, mais il convient aussi d'aborder l'oeuvre dans un certain ordre.
Bonne lecture.
Amitiés,
Dustinette