[Saison 1] Pas de gros spoilers
Ayant beaucoup aimé la série Avatar, ça me peinait de voir que la dernière production sur l'univers d'avatar ait été une bouse sans nom qui a bien terni son propos. C'est donc avec une certaine joie que je me suis lancé dans Legend of Korra (LoK), mais non sans quelques appréhensions.
Nous voilà donc 70 ans après la fin de la série, le nouvel Avatar, Korra vient parfaire sa maitrise de de l'élément aérien au temple de l'air près de Republic City, la ville fondée par Aang et Zuko après la fin de la grande guerre du feu, une ville prospère, pas très éloignée d'une métropole américaine des années 20 dans le style, mais pourtant agitée par un mouvement égalitariste dirigée par le mystérieux Amon, prêt à renverser les maitres pour aller jusque au bout de ses idéaux et rendre tous les gens égaux.
LoK a ce point positif dans un premier temps que non seulement c'est une suite dans la droite continuité et le bon respect de son univers, mais aussi une belle façon de continuer l'histoire en se positionnant sur le "Et qu'est-il advenu ensuite". Il faut reconnaitre que c'est couillu de mélanger la modernité des sciences et l'art ancestral de la maitrise pour en faire ressortir une intrigue qui en plus d'être intéressante a le mérite de soulever des questions. En effet, cette lutte des égalitaristes a tout pour être légitime finalement (même si le moyen qu'ils utilisent l'est carrément moins), face à la supériorité de maitres sans vergogne utilisant leur pouvoir pour dominer les "profanes" il y a de quoi semer un bon sentiment d'injustice qui fait aspirer à un monde plus égalitaire. Le grand intérêt de cette dichotomie fabriquée par les égalitaristes m'a placé dans une posture curieuse : autant face aux méfaits causés par des maitres tyranniques et abusant de leur pouvoir j'ai ressenti un sentiment d'injustice qui me semble légitime, autant l'idée d'Amon de priver les maitres de leurs maitrise en utilisant un pouvoir mystérieux heurte quelque peu le bon temps passé en compagnie de Aang et ses compagnons dans la maitrise de leur art. Car ce qui m'avait pas mal frappé dans The Last Airbender, c'est parfois l'originalité et la créativité qui pouvait s'exprimer dans cette maitrise, la faisant transcender son rang pour précisément lui faire rejoindre le rang d'Art (ce que je n'ai malheureusement retrouvé que trop peu mon gout dans LoK, mais ce n'est que la première saison, et la fin de cette dernière me laisse espérer), du coup en tant que spectateur on peut se retrouver tiraillé entre ces deux aspects de la maitrise qui mettent en question son bien fondé même. De même on saluera la reprise de certains éléments de la fin de la série originale pour en faire des points centraux de LoK, notamment la maitrise du métal et du sang qui sont franchement bien traitées et bien intégrées au background. De plus cette opposition du moderne et de l'ancien a aussi valeur de questionnement par rapport à soi, franchement qui n'a pas été déçu de voir la maitrise être réduite dans le contexte moderne presque à peau de chagrin et n'a pas eu peur de voir anéantie sa magie créatrice par le progrès technique au profit du confort matériel et d'une logique capitaliste située juste en filigrane? Cette même peur qui nous fait éprouver une empathie pour ceux dont la maitrise a été supprimée (malgré leurs actes) agit comme un élément très efficace pour donner à Amon un charisme redoutable. Et c'est aussi ça le point fort de cette saison: il y a de l'enjeu, un énorme enjeu, et les antagonistes ne sont pas des clowns, ce qui donne directement du poids à l'intrigue.
Mais alors pourquoi 7? Je voulais mettre 6 au début mais la fin de saison m'a suffisamment fait plaisir pour que je lui accorde un 7 plutôt généreux. La faute, dans un premier temps, à une première partie de saison franchement chiante à mourir par moments, et par des personnages qui tantôt peuvent être intéressants, tantôt clichés et sans saveur. D'ailleurs, la première saison est assez irrégulière en terme de qualité narrative, et l'écriture est parfois franchement atroce pour la maturité que vise la série (pour les dialogue comme pour le reste; en guise d'exemple, Asami en fin de saison : "Tu ne peux plus ressentir d'amour pour maman, ton cœur est empli de haine"). Mais si je devais choisir ce qui m'a le plus gonflé de toute cette première saison, je dirais sans hésiter cette teen romance à la noix en ménage à trois, qui tourne vite en ménage à quatre d'un banal tellement affligeant que je priais chaque seconde pour que ça s'arrête, tellement c'était du vu, revu et re-revu sans être corrigé... Le rythme est lui aussi inégal, la trame de la série est tantôt poussive tantôt enthousiasmante, on a l'impression d'un beau gâchis de temps par moments tellement la narration se focalise sur certains détails pas franchement intéressants (surtout la partie teenage romance). Pour ce qui est du doublage, c'est là encore assez inégal, parfois c'est bon, et soudain sans crier gare, on a l'impression que l'acteur lit son texte feuille en main à la sauce BHL (dans la VF j'entends).
Dans un deuxième temps, je trouve dommage que la réflexion qui avait pu se distiller au départ se retrouve aussi vite saccagée par le final (mais j'attends de voir si il y aura une évolution dans les prochaines saisons), avec un mouvement égalitariste finalement pas aussi fort que ça, et plus attaché à son leader qu'à ses idéaux. Du coup tout ce beau montage réflexif philosophique perd un peu de sa force, même si on a pu faire sien ses apports. Et dernière parenthèse, qui n'est pas vraiment un point négatif: Korra souffre un peu de la comparaison avec Katara dont le caractère possédait un équilibre excellent et en faisait une personnalité à la fois attachante et intéressante, Korra quant a elle se débat plus dans le caractériel et les intrigues amoureuses, ce qui donne au personnage finalement moins de maturité que Katara, un peu dommage quand on voit l'ambition du show (après c'est un avis temporaire, je n'ai pas fini de regarder la série).
Bon maintenant venons-en aux points positifs. Déjà c'est beau, que ce soit les décors, les animations ou les dessins, c'est franchement très chouette et la série n'a rien à envier à la japanimation (sauf peut-être à la dernière série Fate sortie en matière d'animation qui décalque sévère dans les combats), les persos ont une patte graphique bien distinguée qui permet de leur donner un caractère suffisamment singulier pour qu'ils soient vraiment attirants (même si l'écriture derrière ne suit pas toujours). Petite palme au nomades de l'air (les grands comme les petits) bien dans l'esprit du DA d'origine, qui donnent un peu d'air frais à la série. Je pousse juste un petit coup de gueule concernant la recrudescence de 3D dans l'animation qui commence à me gonfler légèrement (ok ça gagne en fluidité mais c'est moche, même si il y a des arguments dans la production qui sont pour, à terme ça signe la mort de l'animation). La BO quant à elle fait bien son boulot, elle n'est ni générique, ni grandiose, bien dosée mais sans plus. J'ai aussi beaucoup aimé la fin, bien faite, un bon retournement, la révélation finale fait plaisir et ne donne pas un effet de pétard mouillé, elle est même plutôt bien amenée et cohérente, et fait honneur à l'esprit de la série originale. Le seul point noir étant que la saison est assez courte (12 épisodes) et accumule la double tare d'être poussive tout en enchainant les séquences d'action, prenant du coup trop rarement le temps de se poser à un endroit et de laisser au spectateur le temps de s'impregner de l'univers.
Enfin bref, un résultat en demi-teinte, avec une note assez indulgente dépositaire du bénéfice du doute et de l'espoir. Globalement c'est plutôt sympa, donc je recommande (surtout pour les fans de la série originale), mais ça aurait pu être bien meilleur si les scénaristes avaient pris un peu plus de risques et eu un peu plus de talent.
