Cette série réussi avec brio de traiter le voyage dans le temps autrement que comme un gadget scénaristique. En effet la série développe le principe de causalité jusqu'à l'extrême à travers l'outil scénaristique qu'est le voyage dans le temps. Les événements s’enchaîneront fatalement malgré les tentatives d'intervention des différents personnages, métaphore du peu d'emprise que l'on peut avoir sur nos vie guidées par des causes contre lesquelles il est vain de lutter.
Défendre cette philosophie dans un objet télévisuel réclame un courage certain, et la comparaison avec Stranger Things ne tiendra pas très longtemps. Là ou Stranger Things est purement américain, avec des personnages, la plupart bons et attachants, qui influent de leur libre arbitre sur l'intrigue, les personnages de Dark sont presque tous ambivalents moralement (sauf le personnage de Jonas qui illumine ce monde sombre en le traversant avec son blouson jaune) et incapable de lutter contre l'enchaînement implacable des événements.
Ensuite d'un point de vue technique la série est très réussie, l'ambiance sombre et pesante est très bien retranscrite (le tournage dépendant de la météo a du être assez compliqué mais les scènes sus la pluie sont particulièrement réussies), une des premières scène de la série nous fait découvrir la famille du policier en virevoltant autour de la table d'une façon magistrale, et de manière générale les plans sont toujours travaillés et beaux. Seul bémols la musique qui manque un peu de finesse pour instaurer l'oppression, même si les passages de morceaux des années 80 installent une intéressante dichotomie.
La fin quand à elle est décevante en première instance en se terminant sur un cliffhanger qui tranche avec l'ambition montrée pendant le reste même si en y réfléchissant bien la fin boucle certaines interrogations, constitue le paroxysme de la vision fataliste développée, et se suffit plus ou moins à elle-même.