Il a perdu son corps.

L'histoire :

Japon, époque Sengoku. Un seigneur de guerre pactise avec les démons, leur offrant son enfant à naître en échange de la prospérité de son royaume. Privé de sa peau, de ses yeux ou encore de ses membres et abandonné sur une rivière, le bébé survit néanmoins. Recueilli par un médecin qui lui fabrique des prothèses et lui apprend à manier le sabre, le bébé devenu adolescent et répondant au nom d'Hyakkimaru se lance alors dans une quête pour affronter les démons et récupérer les différentes parties de son corps. Sur sa route, il croise Dororo, un orphelin espiègle et rusé.

J'ai aimé :

• Dororo est la deuxième adaptation d'un manga des années 60 signé Osamu Tezuka, mangaka dont je n'ai jamais aimé la patte graphique. Ici, le chara-design est modernisé tout en restant fidèle au style du maître. Un bon point.


• Des samouraïs et des démons, voilà une association qui fonctionne à merveille ! Je suis féru de ces animes gores, à la tonalité sombre et ayant pour cadre historique le Japon médiéval mais agrémentés d'une généreuse louche de fantastique. En cela, Dororo a parfaitement répondu à mon attente, la série dressant notamment un portrait très cru de l'époque Sengoku : guerre, famine, épidémie, prostitution, rien n'est épargné à la population qui doit de plus composer avec des démons dévoreurs d'Hommes. Pour autant, Dororo évite l'écueil de la violence facile et de la surenchère inutile.


• Dans Dororo, il n'y a pas d'un côté les gentils et leurs nobles intentions et de l'autre les méchants et leurs vils desseins. Chacun suit sa propre voie et est amené à faire des choix difficiles pour remplir son rôle ou assurer sa survie.


• C'est une histoire mille fois vue que celle du héros qui se lance dans une quête qui lui semble juste mais dont l'obsession risque de lui faire perdre la raison alors même que la légitimité et la moralité de son ambition pose finalement question. Néanmoins, dans Dororo, ça marche, peut-être simplement parce que l'on reste curieux de voir le personnage évoluer et récupérer progressivement ses facultés. En cela, les scénaristes ont fait un choix judicieux puisque dans le manga d'origine (que je n'ai pas lu), les différents handicaps du héros n'ont aucune incidence sur son comportement. Dans cette adaptation, cette anomalie est corrigée est c'est ainsi qu'au début de l'histoire, Hyakkimaru ne peut par exemple ni parler, ni voir. Ce n'est que progressivement, au rythme de ses victoires sur les démons, qu'il récupère des parties de son corps et les sens qui vont avec.


• Les musiques.

J'ai moins aimé :

• L'animation oscille entre le bon et le moins bon, elle est même médiocre dans certains épisodes. Ceci étant, c'est un problème que je trouve récurrent dans les animes, ce qui me laisse à penser que j'ai peut-être un jugement trop sévère à ce sujet. Dans l'absolu, Dororo propose une animation dont la qualité est à minima conforme à la moyenne.


• Les démons. Leur chara-design n'est pas toujours des plus réussi et surtout ils sont réduits au rang de simple faire-valoir. Hyakkimaru en fait de la chair à pâté, ce qui réduit considérablement l'intérêt des combats entre le guerrier handicapé et ces engeances surnaturelles, qui au final, ne représentent jamais une vraie menace. Il n'y a aucune tension, aucun suspens, et si vous regardez Dororo pour voir des combats épiques, passez votre chemin, ce n'est pas à mon sens l'intérêt premier de la série.


• Mais pourquoi donc Hyakkimaru est-il si fort ? Comment un guerrier privé de ses sens et entraîné par un simple médecin peut-il aussi facilement se débarrasser de monstres imposants ? Dans le manga, la question ne se pose peut-être pas puisque le héros s'y comporte semble-t-il comme s'il n'avait aucun handicap. Dans cette adaptation, les scénaristes ont fait un choix différent mais hélas sans aller au bout de leur idée : Hyakkimaru est privé de ses sens mais cela ne le gêne pas durant ses combats. J'aurais préféré que ce paramètre soit intégralement pris en compte, j'aurais préféré voir notre bretteur galérer dans ses premiers combats pour ensuite mieux s'appuyer sus ses nouvelles capacités, bref le voir évoluer et s'améliorer en tant que combattant. Mais je regarde sans doute trop de shônens et je joue sans doute trop aux Metroivania.


• Les épisodes sont d'un intérêt inégal. A l'exception des derniers épisodes et de quelques autres qui se focalisent sur le passé des principaux protagonistes, ils suivent un schéma répétitif : Hyakkimaru et Dororo débarquent quelque part, font quelques rencontres et débusquent un monstre que Hyakkimaru s'empresse d'affronter. Comme dit plus haut, l'issu du combat ne laisse jamais place à l'incertitude et ces épisodes ne faisant pas avancer la trame générale, leur intérêt repose entièrement et uniquement de l'enrobage narratif proposé et souvent, ces petites histoires dans la grande histoire s'avèrent anecdotiques. Certains épisodes se démarquent néanmoins à mes yeux, comme l'épisode 7 ou l'épisode 19.


• La fin m'a un peu déçu :
  

  Alors que durant toute la série on nous présente Dororo comme le seul à pouvoir empêcher Hyakkimaru de basculer du côté obscur, il est soudainement mis à l'écart et se retrouve réduit au rang de simple spectateur. Dans les derniers épisodes, n'aurait-il pas dû être présent et jouer un rôle plus crucial au moment où Hyakkimaru sombre plus que jamais dans la folie ? La série porte son nom, et pourtant, à la toute fin, Dororo est écarté d'une équation dont il devait être la clé, d'où un petit sentiment de trahison.

Conclusion :

Un anime imparfait mais qui demeure un bon divertissement, surtout si vous aimez ce genre d’univers et d'ambiance.