Lutte des classes feutrée

Noter une série sur l'ensemble de son existence, en l'occurrence sur 6 saisons peut s'avérer frustrant quand la qualité des saisons est inégale. Je serais sans doute passé à 8 si je m'en étais arrêté à la saison 4. Les deux dernières saisons basculent presque complètement dans le soap opera.

Quelle est la force de cette série ? La cohabitation des valets et des nobles est au coeur du sujet. Et pendant longtemps la série questionne cette cohabitation, interroge subtilement l'acceptation par chacun de son sort. A de rares et intéressantes exceptions près, l'ordre des choses est considéré, si ce n'est juste, au moins nécessaire et incontestable. Loin de moi l'idée de m'auto-considérer comme un connaisseur, mais finalement, cette époque ne montre-t-elle pas un système proche du système des castes en Inde ? Tout dépend de ta naissance, et lutter contre est contre-productif.

Mais l'auteur de cette série choisit de ne pas être frontalement opposé au-dit système, quand bien même c'est cela qui est montré, mais aussi sa chute inexorable au sortir de la première guerre mondiale. Car dans le lieu clos du château, les choses semblent immuables, malgré les fissures qui apparaissent, mais à Londres, ça bouge.

Et puis, les personnages ne sont pas manichéens, on n'a (presque) pas les gentils et les méchants, tous sont susceptibles de susciter l'empathie en nous. Etre né du bon côté apporte un confort indiscutable, mais ne rend pas heureux pour autant. A l'inverse, la misère ne met pas forcément en valeur les caractères.

Tout cela ne doit pas nous faire oublier les quelques défauts. Des fils rouges parfois d'une pertinence douteuse. Des enquêtes policières qui mettent le stress sur certains personnages soupçonnés dont l'intérêt est peut-être d'apporter du déséquilibre aux situations établies, mais dont le fond même est moyennement géré.

Et puis des saisons 5-6 à l'intérêt significativement dégradé, dont le seul intérêt visible est de faire converger tous les personnages vers leur happy-end à eux, dans un climat proche de la mièvrerie. C'est bien dommage. Non pas que je souhaite tout le malheur du monde à ces personnages, mais en réalité, ce n'est pas parce que la série se termine que la vie se termine pour eux. Il était tout-à-fait possible de laisser plein de points de suspension.

Ca se termine sur une déception et c'est dommage car c'était une série de haut niveau, exigente sur la reconstitution, les moeurs de l'époque et les dialogues. Mais ça continue de valoir un bon 7.