Première fiction originale française présentée sur Canal + en 2005, Engrenages est une excellente surprise. Bien conçue et mise en scène, remarquablement interprétée, elle obtient un très joli succès public et critique, avant d’être vendue dans plus de 70 pays.
Mélangeant avec un certain bonheur les registres policiers et judiciaires, elle s’augmente d’un soupçon de comédie bienvenu (et d’un style assez inédit pour la télévision française). Un jeune substitut du procureur, un vieux juge, une avocate ambitieuse, une capitaine de police musclée et un inspecteur entre deux âges : cinq personnages parfaitement complémentaires pour une description assez fidèle de la justice française. Et surtout une écriture réussie, qui permet à chacun d’affirmer une vraie identité.
N’en jetez plus : Engrenages est indéniablement une réussite.
Au fil des épisodes, en plus d’une architecture précise, la série brosse un portrait plutôt violent et cynique d’une société où le pouvoir, l’argent et le crime sont définitivement reliés. Les amitiés douteuses, les implications politiques sont rarement absentes de ses saisons. Une petite affaire mène toujours à une plus grosse. Cette vision, en plus d’être efficace, quand il s’agit d’appâter le téléspectateur, témoigne d’un constat social pessimiste mais non désespéré. Certes, les appétits sont nombreux et la contrainte légale rarement respectée, mais cela n’empêche ni la justice ni le droit de triompher (quand les deux se rejoignent, ce qui n’est pas toujours le cas).