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Attention : cette critique est plutôt faite pour ceux qui ont déjà vu la série.


Fais pas ci, fais pas ça fait, selon moi, partie de ces nombreuses séries dont les créateurs ne pensaient jamais pousser le bouchon aussi loin, et qui a donc été rallongée, re-rallongée, re-re-rallongée pour le meilleur et pour le bof.


La première saison, comme beaucoup l'ont écrit avec moi, se distingue par son format "documentaire" et, bien que n'étant pas fan de ce système, je dois dire que ce fut un bon moyen d'introduire les différents personnages et leur univers. Dès la deuxième saison, la série se cherche, et n'arrêtera plus jamais de se chercher, jusqu'au clap final. C'est là pour moi une des spécificités saillantes de Fais pas ci, fais pas ça : n'ayant rien de spécial à raconter, les scénaristes (qui changent parfois, d'ailleurs) ont dû essayer. Essayer de nouvelles intrigues, de nouveaux axes, essayer des guest stars, des voyages, etc. Et sans surprise (donnez-moi le nom d'une série dont la qualité est inébranlable sur neuf saisons), certains essais se transforment en coups de génie ; d'autres tombent à l'eau.


Procédons chronologiquement. La saison 1, on le disait plus haut, a été écrite selon un procédé particulier. C'est finalement le moment le plus "analytique" de l'œuvre, avec une réflexion multi-focales sur l'éducation, le mode de vie français, ce qui est dit et ce qui est caché, etc. Au final, on rit beaucoup - moi, en tout cas, j'ai été content de voir que l'absurde, le burlesque étaient totalement assumés dans une production française récente.


La saison 2 réunit le voisinage autour d'un mystère de proximité, à la Desperate Housewives, pour un résultat sympathique mais étonnant qui arrive sans doute trop tôt. Choix étrange que de passer d'une série-documentaire à une sorte d'enquête bricolée.


La saison 3 ronfle un peu, faute d'idées percutantes : allez qu'on tue les grands-parents, mais en fait non, allez qu'on ramène un frère "jumeau" que Tonquedec n'arrive pas à rendre crédible, allez qu'on rajoute un enfant aux Bouley...


Puis, out of the blue, la saison 4 est bourrée de séquences denses et fun, avec de vrais rebondissements et une écriture au poil, avec des moments d'anthologie qui donnent l'impression que chaque épisode est un téléfilm (réussi) à lui tout seul.


La saison 5, qui semble moins faire l'unanimité sur Internet, reste à mon sens d'excellente facture : le fil rouge des Lepic est hilarant (spéciale mention pour le Very Bad Trip de Renaud), et le contraste entre la réalité et les paraître chez les Bouley (tout part en steak mais monsieur fait la promo d'un livre sur le bonheur, pour rappel) est très bien pensé.


Puis vient la saison 6, nettement moins inspirée, poussive, chiante dans ses pires moments, qui conduira les producteurs à changer son équipe.


Parti tenu : la saison 7 est l'occasion pour les scénaristes de casser quelques codes gentillets, tenaces jusqu'ici ; le thème de l'adultère est abordé clairement, les Bouley traversent une crise extrêmement bien pensée ; on a même droit, au tout début, à un voyage en Guadeloupe qui "rapproche" le père Lepic et la mère Bouley.


Dommage que pour la saison suivante, les tentatives de changement soient moins fructueuses. L'installation en Sologne donne lieu à deux premiers épisodes excellent, avec une Fabienne Lepic en grande forme, des personnages burlesques à souhait, un nouveau cadre... pour que finalement tout soit abandonné au "profit" d'un retour brusque, précipité et raté à Sèvres. Tous les épisodes suivant sont, selon moi, les moins inspirés de la série.


Puis vient la dernière saison, tout à fait atypique, dont chaque duo d'épisode ("diptyque" pour les intellos) prend place à une époque différente. Et là, je dois dire que j'ai été charmé. Pour cette ultime fournée, les scénaristes ont à peu près tout osé.
Il est délicieux de constater, par exemple, que les Lepic et les Bouley vont en Inde... pour RIEN, ou en tout cas pour un résultat à mille lieues des intentions premières (ce voyage va booster l'entreprise de Fabienne et Valérie ; mais le mariage n'aboutira pas). Aussi, pas question de rester dans l'évidence : Christophe et Tiphaine ne finiront pas ensemble. Soline a laissé tomber son FX. Bref, Fais pas ci, fais pas ça se termine autrement que par une crasseuse "happy end", permettant une sortie intelligente à défaut d'être brillante.


En somme, cette petite drama-comédie est unique, bordélique mais juste parce que ses auteurs ont compris que le bordel faisait partie de la vie. Le problème dans beaucoup d'autres productions de ce genre, c'est la "logique" : A se marie avec B, alors ils vivront ensemble, et pour toujours ; c'est plus rassurant. C va dans tel pays pour faire fonctionner son entreprise ? Ne perdons pas les téléspectateurs, il aura peut-être du mal au début, mais il y arrivera. Dans Fais pas ci, fais pas ça, A, B, C, D, E, F et Z se mélangent, se perdent, se retrouvent, se redéfinissent, avec tout ce que ça implique d'imprécisions et de maladresses.


P.S : Je trouve bizarre que jusqu'à la dernière minute les parents Bouley et Lepic continuent à se vouvoyer. Ca m'a perturbé :D

Botwin
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le 31 déc. 2017

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Botwin

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