Critique originale sur mon blog.
Étant plus petit, je vouais une admiration sans bornes à la série télévisée Les Simpson. Puis, progressivement, je m'en suis détaché, moins parce que mes goûts avaient changé que parce que la qualité globale de la série s'amenuisit, et aujourd'hui, lorsque je tombe par accident sur un épisode des saisons récentes, j'ai un mal de ventre horrible devant leur médiocrité. Pourtant, ce n'est pas Matt Groening que je pointe du doigt, car il m'a prouvé, en 1999 et jusqu'à ce jour, qu'il était un créateur de séries de qualité.
Futurama fait partie de celle-ci. L'histoire est la suivante : livreur de pizzas un rien stupide et, surtout, désabusé, Philip J. Fry se retrouve, le 31 Décembre 1999, cryogénisé dans un caisson et ce pour une durée de mille ans. Il se réveille donc en l'an 3000, dans la ville de "New New York" et va découvrir les spécificités de ce futur à la fois si différent et si semblable à notre temps, des personnages hauts en couleur et vivre des aventures formidables.
Les personnages, surtout, ont bénéficié d'un soin tout particulier. Fry, bien évidemment, en tant que "héros" principal a une personnalité bien plus complexe qu'on ne pouvait le présager, entre stupidité, sincérité, courage et émerveillement. Leela, son âme sœur, est une psychorigide certaine mais qui fait preuve d'un grand sens de l'éthique ; le professeur, "neveu" de Fry, est un sénile grabataire oscillant entre le génie et la folie ; enfin, difficile de ne pas parler de Bender Bending Rodriguez, le personnage le plus connu sans doute de la série et également le plus contreversé : joueur, fumeur, buveur, trompeur, il saura faire preuve, à l'occasion, d'une générosité dorée dans son corps de métal.
Mais les personnages principaux n'ont pas été les seuls à avoir été travaillés et on retrouve là encore la "patte" Matt Groening, car tous les personnages secondaires, même les plus insignifiants, illustrent un talent d'écriture exceptionnel. Citons, pour mémoire, Morbo, le présentateur télé extraterrestre scandant chacune de ses phrases par des menaces envers l'humanité entière ; Elzar, le chef cuistot de Neptune parfaitement avare ; Bubblegum, chef des Harlem Globetrotters et physicien de renom ; le robot diable et ses talents de musicien ; ou encore l'hypno-crapaud, qui possède une série à succès et que tout le monde adule, ou est obligé d'aduler.
Les six saisons de Futurama (et quatre films) oscillent volontiers entre une Histoire pleine qui s'étend dans le temps, et où les relations entre les personnages évoluent (ce qui manque à l'heure actuelle aux Simpson, selon moi), à des épisodes plus anecdotiques mettant l'accent sur une particularité du nouveau monde (technologie, religion, arts). Une chose est certaine cependant, le ton se fait vif, incisif, méchant, particulièrement critique. Bien qu'utilisant un stratagème fameux pour réintroduire des peoples en guise d'invités spéciaux (on aurait trouvé un moyen de conserver les têtes de celles-ci dans des bocaux), ils n'en abusent pas et bien souvent, on n'en voit aucune au sein des épisodes ; l'allégeance et la régularité des Simpson, encore une fois, est bien mise à mal.
Il convient, et ce sera mon dernier mot pour vous inviter à regarder ne serait-ce que le pilote de la série qui donne déjà le ton, de visionner la série en version originale : la version française connaît des hauts et des bas, mais est globalement bien inférieure à son modèle. De quoi scander bientôt de fameuses phrases qui énerveront vos amis, du Good news Everyone! au désormais célèbre Bite my shiny metal ass!