Saison 1 (6/10) :
Et non, en quinze ans je n'avais jamais vu UN épisode de « Grey's Anatomy », sans que cela me manque particulièrement, mais n'étant pas opposé à l'idée de jeter un coup d'œil à ce qui est devenu la série « médicale » la plus longue de l'Histoire de la télévision. J'écris « médicale », car je ne pense pas spoiler qui que ce soit en écrivant que ce sont les problèmes de cœur (comprenez sentimentaux) qui sont avant tout au centre des intérêts de la créatrice Shonda Rhimes. Cela a ses inconvénients : ambition artistique limitée, répétition se faisant vite ressentir (alors que cette première saison ne compte que neuf épisodes...), ambiance « eau de rose » revendiquée...
Mais aussi ses avantages : ne prenant pas la tête, plutôt bien mené dans sa logique « soap » constante grâce à une écriture soignée dotée d'un soupçon de méchanceté bienvenue, pas mal d'humour et une interprétation charmante (gros faible pour Sandra Oh), donnant un peu de substance à des personnages pour le moins stéréotypés. Il me paraît évident que je n'irai pas au bout de la série, celle-ci risquant inévitablement de me lasser assez vite, mais vous dire que je n'y ai pas pris un certain plaisir, même légèrement coupable, serait mentir. À défaut d'originalité, un réel savoir-faire.
Saison 3 (7/10) :
Et bien pour le moment, ça tient encore le choc. Bon, évidemment, vous dire que l'on se renouvelle totalement serait mentir, mais ce n'est de toute façon pas le but. Au contraire, je trouve même que la série trouve son rythme de croisière, avec ses avantages et inconvénients, mais laissant une impression globalement positive. Beaucoup de patients à soigner, comme toujours, mais surtout encore plus de « soap », de « drama », certes un peu répétitifs, mais avec un métier et une efficacité permettant de ne pas trop s'en rendre compte, notre évidente sympathie pour les différents personnages, justement par leurs diversités, étant désormais bien ancrés.
On a appris à les connaître, à s'inquiéter lorsque ça va (vraiment) mal, si bien qu'aussi mélodramatique puissent être leurs atermoiements sentimentaux et autres doutes en tout genre, ils ont quelque chose de touchant, justement parce qu'on se reconnaît en eux, leurs hésitations, aussi immatures soient-elles. Cette série parle assez bien de l'humain, certes dans une logique très sentimentale où tout le monde est beau et globalement très positif, avec leçons de vie pas franchement mémorables au début et à la fin, mais également dans cette logique de compétition qui anime bon nombre d'entre eux dans l'hôpital, cette recherche du cas le plus rare, de l'opération la plus réussie : cela est, certes, évoquée avec un certain humour, mais n'en est pas moins réel.
Enfin, loin d'être toujours à la hauteur dans ce genre de productions, l'interprétation est souvent bonne : l'irrésistible Sandra Oh, Katherine Heigl, T.R. Knight, Patrick Dempsey, Chandra Wilson, Isaiah Washington, James Pickens Jr. ou la sublime Kate Walsh... Dommage que les derniers épisodes se perdent un peu dans des considérations d'un intérêt assez mineur, que ce soit
le départ d'Addison pour Los Angeles
ou une mécanique tournant légèrement à vide, si ce n'est lors du dénouement et ce
« mariage » catastrophe,
certes imposé par un (gros) imprévu de tournage, mais le rendant, en définitive, nettement plus fort et inattendu. Sans être addict ou avoir envie de me précipiter sur la saison suivante, ce troisième volet est l'indéniable preuve du savoir-faire de sa créatrice Shonda Rhimes.
Saison 4 (6/10) :
Ouille... Cette quatrième saison ne démarrait pas sous les meilleures auspices. De plus en plus de chamailleries, de lourdeurs, voire de superficialité, Shonda Rhimes ne semblant plus avoir quoi inventer pour continuer à créer des remous et faire évoluer ses personnages, même lorsque cela n'est pas du tout justifié. Celle-ci semble presque inventer des prises de tête bidon pour que les couples ne fonctionnent pas, à l'image de la relation entre Meredith et Derek, virant parfois aux confins du grotesque.
J'en venais même à me demander si j'allais continuer encore bien longtemps quand presque d'un coup, le sursaut (in)espéré a lieu : on se reconcentre sur le médical (dont certains cas vraiment intéressants), met en partie au placard les sous-intrigues sentimentales lourdaudes (pas totalement non plus, faut pas déconner) tout en apportant un minimum d'éléments nouveaux à chacun, leur permettant d'évoluer au bon sens du terme. Sans éviter réellement les répétitions, ni « diabolisation » forcée de certains pour faire avancer la machine, on revient à une formule qui fonctionne mieux, n'ayant pas peur de multiplier les décès, dont certains vraiment surprenants
(faire mourir les deux frères à un épisode d'intervalle, c'était quand même assez couillu).
Certains moments sont assez justes, touchants, et si je ne peux que me réjouir de l'importance croissante de Bailey dans le récit (cette répartie, un régal) je regrette décidément que Meredith ait été choisi comme héroïne tant elle m'agace de plus en plus et semble répéter constamment les mêmes erreurs : une vraie gamine sans aucune maturité, à de rares moments de lucidité près. Fin étrangement peu accrocheuse, mais ayant le mérite de ne pas chercher à nous racoler à tout prix avec un rebondissement pseudo-spectaculaire, la baisse significative du nombre d'épisodes s'avérant également salutaire. Clairement pas la meilleure saison, donc, mais au moins ce grand mérite de redresser (nettement) la barre sur la durée : voilà qui est à saluer.