Oeuvre contemplative agréable à contempler ? ou plus que cela ?

Vous l'avez tous vu ( ne serait-ce qu'avec l'affiche de l'animé ), le dessin est vraiment magnifique. Il rappelle les peintures du XIXeme siècle, souvent représentant un moment saisie dans le coin d'un parc ou d'un jardin, où le contour, incertain et non continue, disparaissant à travers une légère brume, semble exprimer un sentiment, et où le paysage, magnifique, grandiose et inébranlable, prend vie et se meut devant l’œil d'un spectateur ahurie. C'est le sentiment que j'ai ressenti dans cet animé. Chaque scène, chaque paysage, chaque environnement est travaillé, possède sa propre diversité, et je pense qu'il s'agit là à la fois d'un point faible pour certains, mais aussi d'un point fort pour d'autres : l'ensemble est contemplatif. Même dans les scènes d'actions, même dans le coup le plus cruel, on prend le temps de voir le petit détail, de s'arrêter sur le moindre élément... et cela agasse de nombreuses personnes. Mais étant fédéré au contemplatif, j'adore.

Je ne voudrais pas contraindre une critique à l'aspect graphique et rythmique de l'animé, mais étant donné que ce sont vraiment les caractéristiques précises de cette série, autant commencer par ça.

Je parlais justement du rythme, développons. L'aspect contemplatif l'impose : le rythme est très lent. Nonobstant cela ( j'aime placer des mots comme ça :D ), la narration permet de dynamiser le tout, notamment en montrant l'aspect mental et psychologique des personnages, mais aussi les nombreuses étapes aux récits qui seraient inutiles ou difficiles de montrer : la narration a à la fois un rôle de style et un rôle de raccourci. L'histoire avance donc avec une certaine rapidité. Maintenant, dans une tonalité un peu plus sombre, encore faudrait-il que les personnages soient intéressants, après tout, l'animé est développé sur eux.
Et je dois dire qu'on touche sur un point faible de l'animé.
Sans vouloir trop révéler l'histoire, je prend quand même la liberté de vous prévenir que certains rôles sont creux, classiques et extrêmement récurrents ( le protagoniste qui se rend compte qu'il a sa propre autonomie et qu'il n'est pas utile de vouloir copier son modèle, et ce avec quelques épisodes de retard - le petit fou hargneux qui n'arrive pas à écouter qui que ce soit - la fille mystérieuse et traumatisée - l'innocente et jolie fille qui semble dédiée au fan service ). Mais.... il faut quand même avouer que l'animé traite ces rôles avec un certain recul assez agréable, une intelligence relativement subtile et l'auteur rappelle encore une fois que les apparences sont souvent trompeuses. Donc au final, ces rôles ne sont pas tant que ça énervants ( du moins pas autant que Shinji Ikari- sans vouloir blesser les fans de Evangelion, même si je sais que c'est un autre débat, car évangelion amène une véritable analyse de la perception humaine ).
Maintenant, au-delà des personnages, l'univers est vraiment frappant.

J'ai au départ été anxieux quant à l'animé : l'univers du rpg est assez répétitif et cliché, et il me rappelle de mauvais souvenirs quand aux tentatives d'adaptation... Pourtant... heu... comment dire... sans dénaturer le style du mmorpg, l'animé nous le fait parfois oublier...
Je m'explique. Comme dans la plupart des mmo-s, le héro commence du rang le plus bas, puis monte rapidement en niveau, bas de plus en plus d'adversaire, apprend de nouvelles techniques, améliore son stuff, gagne de plus en plus d'argent, à tel point que la somme ridicule dont il rêvait au début est obtenable sur le premier monstre venue quelques épisodes plus tard. Et l'univers de Grimgar de déroge pas à la règle ( c'est d'ailleurs un des aspects que j'ai mal supporté ). Mais, encore une fois, tout n'est pas fixe. Ainsi, la personnalité développé pour chaque personnage, l'importance donné à la vie, quelle qu'elle soit ( monstre ou homme ), la difficulté de tout les jours, et plein de petits détails, montrent que Grimgar est une contrée cruelle, bien que les humains restent "humains" ( c'est un peu simple comme tournure, non ? ). Voici un détail qui m'a marqué, et sur lequel je me doit de revenir : Mary ( qui joue donc le rôle de prêtre ) prie sur les monstres tués : il y a une réelle existence de la mort, un regret. Et ce sont toutes ces preuves d'humanité, dont même le "Chevalier des ténèbres" ( Dark Knight - j'ai tendance à regarder les animés avec les sous-titres anglais, désolé ) fait égart à un moment de la série, qui rend l'animé charmant, en plus d'une esthétique plus que soignée.

Avant de terminer ma critique, je tiens quand même à faire une dernière remarque : cet animé fait partie de cette longue liste de série sur laquelle il est difficile de s'accrocher au début, et dont le véritable visage se révèle à un stade avancé ( un peu comme Mayioga, vu que c'est d'actualité ). Il ne s'agit pas forcément d'un défaut et d'une faiblesse. Je trouve justement que c'est assez rare d'avoir des animés dont le pilote s'intègre totalement avec la suite, et qui en plus a le mérite de nous encourager à suivre, comme Steins;gate ou Code Geass. Mais ces derniers sont des perles rares, ce qui approuve en mon sens encore plus que l'on ne peut pas trop juger une série en fonction de son début.

Pour conclure, Hai to Gensou no Grimgar ou Grimgar of Fantasy and Ash est un véritable tour de force dans le domaine de l'animé "mmorpg". Il analyse vraiment la position de leader, avec des personnages qui évoluent et casse les codes classiques et récurrents de l'animation. L'esthétique du dessin et la musique ne font qu'améliorer cet animé, que l'on craint au départ, mais que l'on aime à la fin. Laissez-vous surprendre !