On savait qu’Hiroyuki Imaishi avait un sens de la mise en scène unique, souvent nerveuse, parfois colorée, mais toujours dynamique. Force est de constater que Tengen Toppa Gurren Lagann atteint le paroxysme de l’excès façon Imaishi. Et le pire, c’est qu’on aime ça.
Le studio Gainax et le réalisateur nous offrent ici une nouvelle perle de l’animation japonaise. Oubliez tous les mecha-animes que vous avez pu voir jusqu’à présent. Gurren Lagann n’est comparable en rien à Gundam, Macross, ou même Evangelion issu du même studio.
Si on devait d’ailleurs mettre en relation Gurren Lagann avec ce dernier, ce serait pour faire le constat qu’effectivement Gurren Lagann est un anti-Evangelion. Là où Hideaki Anno essayait de faire passer un message philosophico-religieux exhortant les otakus à s’ouvrir au monde extérieur, Hiroyuki Imaishi s’amuse et nous amuse. Ici pas de prise de tête. Le scénario reste basique (une bande de potes qui luttent pour sauver la planète), mais la forme et les éléments qui le composent font de Gurren Lagann un manga culte en raison de ses indéniables qualités.
À commencer par l’humour omniprésent. L’anime ne se prend jamais au sérieux et, pour preuve, l’un des principaux moyens de dédramatiser certaines situations est de faire parler directement le robot, lorsque son pilote s’exprime. En effet les Ganmens, robots ennemis pilotés aussi bien par les humains que par leurs adversaires, ont la particularité de tous être dotés de visages plus ou moins expressifs.
Les animateurs n’hésitent alors pas à s'en donner à cœur joie et à partir dans des délires complètement allumés, qui soit séduisent, soit rebutent, mais en tout cas ne laissent pas indifférents.
Graphiquement, Gurren Lagann se permet toutes les excentricités. Même si les dessins sont d’un abord plutôt classique, c’est durant les scènes d’actions, lorsque les traits de crayons partent dans tous les sens, dans une débauche de couleurs et d’effets spéciaux, que la folie du studio prend toute son ampleur.
On reconnaît aisément l’animation nerveuse et décomplexée d'Hiroyuki Imaishi (notamment derrière l’irrévérencieux Dead Leaves et le déjanté premier épisode de RE : Cutie Honey) et Gurren Lagann ne souffre d’aucun temps mort. Les scènes d’actions et de combats entre Ganmens sont d’une incroyable intensité et n’ont d’égal que la volonté de Kamina de dépasser tout ce qui a été entrepris par les hommes jusqu’à présent, voire plus. Ou comment l’aspect technique de l’anime fait écho aux valeurs propres aux principaux personnages.
Shônen, après tout
À ce propos, Kamina reste le personnage emblématique durant toute la série, pour son côté frondeur, prétentieux, sans limite, et incroyablement charismatique. Il est l’exemple type du personnage que rien n’arrête, sauf sa propre volonté. Il n’hésite pas à partir dans de grandes envolées lyriques aux accents philosophiques, aussi démesurées que tout le reste de la série.
Simon et son Gurren LagannSimon, le véritable héros, s’il débute la série comme l’archétype du petit garçon embarqué malgré lui dans une aventure trop grande pour sa modeste personne, prend peu à peu ses marques et reste celui qui subit la plus grande évolution. En particulier à partir de l’épisode 8, épisode véritablement charnière, où la série prend toute son ampleur et où l’intensité de l’intrigue monte pour ne redescendre qu’à l’épisode 16, qui marque la fin de la première époque.
Yoko pourrait, de son côté, rapidement faire office de bimbo avec un gros flingue qui ne serait là que pour contenter les otakus en mal de fan-service. Mais même si on ne peut, au premier abord, s’empêcher de douter de son intérêt dans la série, mis à part pour la profondeur de son décolleté, on s’aperçoit au fur et à mesure que la jeune fille gagne également en épaisseur (non, non, je ne parle pas de son décolleté...) tout au long de la série et se révèle réellement dans la deuxième partie, où une plus grande place est faite à sa personnalité.
Gurren Lagann, c’est en effet deux saisons, deux époques, deux manières d’appréhender les personnages. Si la première partie s’achève sur l’épisode 16, la suite nous fait faire un bond de sept années dans le futur. On y découvre des personnages qui ont plus ou moins évolué, mais c’est surtout l’ambiance de la série qui change du tout au tout, passant d’un délire shônen à la limite de la parodie à une intrigue plus sombre, où un drame politique se mêle à des enjeux bien plus importants, tout en apportant les révélations tant attendues durant les précédents épisodes.
Ajoutez-y toute une poignée de personnages secondaires mémorables, et qui ont tous leur importance à un moment ou à un autre dans le scénario, et vous obtiendrez l’un des shônens de l’année 2007.
Car oui, soyons clairs : Gurren Lagann est un shônen pur et dur. Et ce ne sont pas les combats à répétitions, la puissance excessive des héros, l’inaltérable volonté des alliés qui nous feront dire le contraire. On repense à d’autres classiques du genre, comme Dragon Ball Z, ou plus encore (pour le côté abnégation sans limite) Saint Seiya.
Certains auront tôt fait de se lasser des pouvoirs et évolutions à outrance et à la limite de l’absurde que se permet Imaishi, mais c’est également ce qui fait le charme de Gurren Lagann : un anime où prime le divertissement pur et simple.
Le tout est servi par une bande-son terriblement efficace, dans laquelle on retrouve un peu de rock, un peu de hip hop, et d’autres grands thèmes illustrant les combats importants ou les moments clés de l’histoire.
Gurren Lagann est, définitivement, un anime à suivre et à aimer.