Une nouvelle série qui tire à boulets rouges sur les travers de la politique américaine? D'accord, ce n'est pas bien nouveau. Par contre, si on vous dit que Kevin Spacey interprète le rôle principal? Oui, tout de suite, ça donne sacrément envie. Et maintenant, imaginez que le magnifique acteur a également convaincu David Fincher -qui a contribué à sa renommée mondiale avec Se7en- de l'aider à produire cette série...et d'en réaliser les deux premiers épisodes.
Voilà qui devrait suffire à aiguiser l'intérêt de n'importe quel amoureux du petit écran...et du grand, cela va sans dire. N'ayez aucune crainte: vous allez vite comprendre pourquoi cette série ne pouvait être mise en branle que par ce duo. Frank Underwood est un membre du Congrès démocrate Américain qui était promis à la place de Secrétaire d'État par le Président Garrett Walker. Malheureusement pour lui, la promesse ne fut pas tenue et c'est un autre qui est nommé au poste tant désiré. Sa vengeance sera à la hauteur de l'humiliation qu'il a subi.
C'est le début du bonheur pour nous. Fincher et Spacey, bien aidés par un script dantesque, délivrent des performances à la hauteur de leurs réputations. Le premier installe brillamment la série avec un rythme et une ambiance qui n'est pas sans rappeler...Zodiac ou The Social Network. Le second arrive à convoquer en Underwood son personnage retors d'Usual Suspects et l'immoralité jouissive du patron odieux Buddy Ackerman de Swimming With Sharks. Autant dire un nouveau dan à ajouter à sa ceinture d'Acteur Poids Lourd.
Manipulations, trahisons, sexe, drogue, tout y est traité et sans langue de bois ou compromis. La grande idée de cette nouvelle création est de laisser beaucoup de séquences au personnage de Spacey pour s'adresser...directement à nous, tandis qu'il prépare ses machinations.
Ce qui aurait pu relever de l'artifice vite lassant est une idée de génie, tant l'interprète excelle dans son rôle difficilement qualifiable. Aphorismes lapidaires, piques de toutes sortes, hypocrisie hilarante; Underwood est un vrai politicien dans ce qui se fait de plus insolent et intelligent. Ce qui fait qu'on est pas toujours sûr de comprendre directement ses actes quand on connait ses motivations.
Mais c'est ce qui rend également cette série indispensable car bien peu portée sur le sentimentalisme et la simplification abstraite.
Les seconds rôles sont traités à pied d'égalité et prennent tous de l'importance à mesure que l'intrigue avance. Robin Wright est grandiose dans le rôle de Claire Underwood, qui ne se contente pas juste d'aider son mari, mais également d'essayer de reprendre vie. On peut également détacher Corey Stoll - une révélation- qui est pour beaucoup dans l'émotion qui transparait le long de la première saison. Kate Mara apporte également fraicheur et subtilité à son personnage de journaliste prise dans les rouages de la politique. Il y a aussi le discret mais impeccable Michael Kelly, dans le rôle de l'homme de confiance d' Underwood Doug Stamper.
La série ne faiblit pas d'un épisode sur l'autre, arrivant à un degré d'excellence rare. La politique ne vous parle pas? Regardez cette série, et vous n'arrêterez pas d'en parler de sitôt.