House of Cards
7.6
House of Cards

Série Netflix (2013)

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Des séries de qualité à rattraper j'en ai un sacré paquet, et pendant les quelque jours où j'étais immobilisé j'ai décidé de me mettre à House Of Cards dont on me disait le plus grand bien depuis un bon bout de temps. Et même si en ce moment on a tendance à me vanter davantage les qualités de Twin Peaks, j'ai quand même décidé de me mettre à House Of Cards. Et si tu cherche à comprendre la cohérence dans mes choix sériels, sache qu'on est deux, car j'y vais au pif et à l'instinct, même si il arrive que ces deux choses me jouent des tours.


Cependant House Of Cards avait vraiment tout pour me plaire. Il y avait David Fincher qui a fait un de mes thriller policier préféré, aux manettes des deux premiers épisodes, avec Kevin Spacey en acteur principal, le tout dans une série illustrant les rouages de la politique Américaine avec un ton cynique.
Avec un tel CV moi j'étais prêt à commencer la série avec un à priori positif.


Formellement même si la mise en scène n'est pas forcément très audacieuse, elle est propre. L'ensemble est bien filmé et prenant et ce, même quand ce n'est pas David Fincher derrière la caméra, sur ce point là je n'ai vraiment rien à redire.


Mais dès le début Kevin Spacey brise le quatrième mur pour nous parler de sa vision des gens, de son "pragmatisme" et de ses plans. Et si au début, être mis dans la confidence par un Homme qui possède une vision aussi cynique de la politique et de l'humanité fait sourire, très vite cela devient très lourd lorsque l'on se dit que cet effet ne fait qu'expliquer les moindre fait et gestes que l'on nous montre de Spacey. Sachant que ses faits et gestes, on aurait très vite pu les comprendre tout seul, et deviner également le cynisme de ceux-ci, tout seul, comme des grands. En fait ça donne l'impression d'être pris pour un abruti par scénariste qui se sent le besoin d'absolument tout t'expliquer ce qu'il te montre au cas où tu ne serais pas assez intelligent pour comprendre, visiblement ça plaît à pas mal de monde. Moi pas. Mais c'est peut-être un problème d’ego mal placé, va savoir.


Ensuite j'ai un problème avec Franck Underwood, le personnage principal. On m'a beaucoup vendu la série en me disant que les politiciens étaient souvent à son image. Mais je ne suis pas d'accord du tout avec cela. Le problème étant qu'aucun politicien ne pourrait arriver au niveau de Franck Underwood sans être lié par des promesses, sans être influencé, ou sans même subir une pression énorme de la part des lobbys (et je parle d'une pression bien plus grande que celle du personnage de Remy Danton qui apparaît comme un personnage assez faible face à Franck Underwood), de la part de groupes ou de réseaux d'influences pour ne citer que cela. Bref le fait qu'il soit aussi libre dans ses actions et qu'il ne soit jamais réellement mis en difficulté avec bien peu de critiques à son encontre me paraît être une vision bien romancé de l'homme politique. D'un point de vue cynique on pourrait même penser qu'il est le parfait self-made men. Après tout il s'est fait tout seul et ne doit rien à personne, c'est donc une vision Américaine très romancée et tout sauf subversive de la réussite. Mais bon comme le souligne le monde diplomatique dans un article consacré aux séries dépeignant la politique "qui s'enthousiasmerait pour l'histoire d'un président au garde-à-vous devant les lobbys industriels et financiers ?" (1)


En fait le personnage de Peter Russo est beaucoup plus intéressant car nuancé. C'est quelqu'un qui vient d'un milieu ouvrier, élu pour ses promesses. Mais qui doit faire face à des pressions de toutes part. On utilise sa vie privée et ses vices pour le faire chanter. Et il se retrouve souvent tiraillé et tourmenté (ce qui n'aide pas à effacer ses vices) entre son intégrité et son avenir en politique. Lui n'est libre que de bien peu de choix.


Le personnage de la journaliste joué par Kate Mara qui pour quelques informations fraîches est prête à tomber dans les bras -pour rester poli- de Franck Underwood à elle aussi tout du cliché ambulant. Cependant son évolution de fin de saison la rend un peu plus intéressante bien qu'elle reste assez cruche.


Après effectivement on nous montre certains mécanismes de politique politicienne et de communication. Comment est utilisé par les politiques le spectacle, le cirque médiatique, ou comment, à base de postures ou de petites phrases on peut jouer avec l'opinion publique. Chaque réforme ou action politicienne n'est d'ailleurs jamais qu'un prétexte pour parler de cela. On ne saura jamais réellement quelles étaient par exemple l'ensemble des enjeux sociétaux de la réforme de l'éducation que Franck Underwood cherche à passer au début de la série, on ne la verra que simplement par le prisme du rapport de force politique qu'il cherche à créer à son avantage, ce qui en soi peut-être intéressant mais reste limité.


Bref à la fin de la première saison de cette série, un constat s'imposait : je suis déçu. Même si House Of Cards n'est pas un naufrage complet certes, (ce n'est bien sûr pas aussi mauvais qu'une série politique comme Marseille dont le seul intérêt est de voir d'un œil amusé Gérard Depardieu surjouer la grasse caricature de maire ripoux cocaïné sortant relativement fréquemment des blagues misogynes avec un fort accent, même si c'est un peu navrant de voir Depardieu s'abaisser à ça, il est capable de tellement mieux, mais je m'égare là) il y a des choses à sauver qui rendent House Of Cards regardable, mais on est très loin de la série politique de grande qualité que l'on m'a vendu tant de fois, et je ne sais franchement pas si j'ai envie de continuer cette série, je ne sais pas réellement si ça vaut le coup. Peut-être que je me trompe, que je fais fausse route et que toi qui me lis tu vas me dire et peut-être même me convaincre que les saisons suivantes sont de meilleures qualités et qu'il faut absolument que je les regarde....
Mais en attendant j'ai la série The Shield que je dois rattraper depuis trop longtemps qui me tend les bras et qui m'a l'air sacrément alléchante ainsi que Twin Peaks qui me tente de plus en plus à mesure que l'on m'en parle et puis entre temps j'essaie aussi d'avoir une vie.
Pour finir si tu es venu ici à la recherche d'une série politique de grande qualité, je ne peux que te conseiller de jeter un œil si tu ne l'as pas déjà fait à la géniale série The Wire, car dans les dernières saisons on parle de politique et de politiciens bien mieux et d'une manière bien plus juste que dans House Of Cards.


(1) L'article du Monde Diplomatique sur les séries politiques, où ils offrent une analyse assez poussée de la vision fantasmé du pouvoir par certaines séries politiques :
http://www.monde-diplomatique.fr/mav/154/LEMAIRE/57756

Noe_G
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le 26 juil. 2017

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Noe_G

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