Tout le monde se rappelle d’Inglorious Bastards ? Alors imaginez un groupe de chasseurs de nazis, aux États-Unis à la fin des années 70.
Tirée en partie de l’histoire familiale de David Weil, le créateur de la série, ainsi que de l’opération américaine Paperclip, qui avait permis à l’oncle Sam de récupérer des scientifiques nazis après la seconde guerre mondiale ; Hunters nous présente un groupe de « vengeurs » qui part en chasse contre les criminels de guerre américano-nazis.
Politiquement correct ?
Si Tarantino avait voulu son film « politiquement incorrect », il s’était donné les moyens de présenter ses personnages comme marginaux, en les situant dans un contexte historique bien précis. Ici Hunters n’emprunte pas la même voie et c’est là le problème. Le politiquement correct est bien loin derrière. La morale est quasiment aux oubliettes et le bien et le mal sont pour le coup bien trop mal définis.
Le côté vengeance de l’histoire est très mis en avant, même trop mis en avant, surtout avec nos yeux d’aujourd’hui. La série surfe sur des thèmes très durs sans pour autant bien les exploiter pour en faire un tout cohérent. Les camps de la mort, les jeux sadiques des nazis, mais aussi les complots politiques font de cette série un show assez inégal et vraiment pas facile à regarder.
Impressions ?
Dès les premiers épisodes, la série nous fait rapidement tomber dans le glauque et le sordide. La justice est parfaitement absente et les actions des uns et des autres sont toutes injustifiées et apparaissent irréelles et hors du temps. Pourtant, sur le dernier épisode, l’histoire bascule de façon inattendue. Un renversement de situation, une fois encore immoral, semble justifier d’une nouvelle manière les actes d’un protagoniste. On reconnait d’ailleurs immédiatement sur cette fin, la touche du talentueux Jordan Peele à qui l’on doit les films comme Get Out ou encore US.
Acteurs à la hauteur
Côté distribution, Al Pacino tient à la perfection le rôle du chef des chasseurs. Et le jeune Logan Lerman, connu pour son rôle de Percy Jackson est très convaincant et parfaitement à l’aise lui aussi. Mais la palme revient à Josh Radnor, le Ted Mosby de la série How I Met Your Mother, qui passe d’un personnage gentil, naïf et adorable à un rôle relativement sombre. Notons aussi que le géantissime Dylan Baker est excellent en officier nazi devenu député américain. Tout comme Saul Rubinek, second rôle éternel, qui offre ici une prestation absolument sans faille et rend pour le coup les chasseurs plus « humains ».
On zappe ou on matte ?
On comprend aisément que de nombreux studio n’aient pas souhaité prendre part à cette série. D’ailleurs David Weil reconnaît lui-même les difficultés de financement qu’il a pu rencontrer. Seul le géant Amazon a accepté, en poussant même la production à aller encore plus loin dans l’histoire. Amazon semble trouver dans ce déballage de violence, déjà vu dans The Boys, un intérêt certain du côté de l’audience.
À noter aussi qu’il s’agit de la seconde production Amazon à traiter du sujet des nazis avec The Man In The High Castle. À trop vouloir faire dans le spectaculaire, Amazon semble se perdre dans une surenchère de violence avec des histoires choquantes et historiquement sensibles.
Malgré ces choix plutôt « bancals », Hunters reste une curiosité. Mauvaise ? Non, pas forcement. Mais définitivement pas à mettre devant les yeux de tout le monde. Le fait de tourner l’histoire presque totalement sur la vengeance cloisonne la série et l’empêche d’exploiter d’autres sujets, qui sont pour le coup à peine évoqués ou survolés. Ce parti pris est définitivement un mauvais choix et à la vue du mécontentement général provoqué par cette première saison, il semble peu probable que la production décide de continuer l’aventure Hunters.
Alors pourquoi la regarder me diriez-vous ? Confinement peut-être ?