JoJo's Bizarre Adventure
7.4
JoJo's Bizarre Adventure

Anime (mangas) Tokyo MX (2012)

Jojo’s Bizarre Adventure (2012) est l’adaptation des deux premiers arcs du manga du même nom : Phantom Blood et Battle Tendency. On y suit les aventures —bizarres, donc— non pas d’un mais de deux protagonistes : Jonathan puis Joseph Joestar, grand-père et petit-fils aux pouvoirs extraordinaires, aux prises avec des vampires venus de la nuit des temps.


On m'a souvent présenté Jojo’s Bizarre Adventure comme une sorte d’alpha et d’oméga des shônen : à la fois précurseur, source d’inspiration pour nombre de shônen à succès, et ovni inimitable. En tout cas, cette dernière partie est véridique. Et, comme régulièrement avec les ovnis, j’ai mis un peu de temps avant d’y prendre goût.



La victoire de la forme...



Ce qui frappe d’emblée dans Jojo’s, c’est bien sûr son style.
La fascination du mangaka Hirohiko Araki pour le monde occidental est transparente. Les lieux et les personnages sont quasiment tous occidentaux, mais c’est presqu’un détail. Il puise ses inspirations dans le rock pour les noms des personnages —Dio, The Cars, Wham!, ACDC, Santana, Led Zeppelin, REO Speedwagon…—, la mode des années 80 pour leurs tenues et poses extravagantes, le pop-art pour son travail des couleurs et les genres filmiques pour la structure de ses récits —le premier arc rend hommage aux films de vampires, le second aux films d’aventure à la Indiana Jones—.
Le tout est servi par une animation irréprochable, avec une nette amélioration dans la qualité des combats au cours de la série.
Et, une fois qu’on est entré dans le délire —pour moi vers l’épisode 10, j'ai d'ailleurs trouvé Phantom Blood assez moyen— ça claque.


Au passage, j’ai été frappé, en particulier dans Battle Tendency, de la connotation homo-érotique, avec moult jeunes corps masculins musclés —archétype Hokuto no Ken—, souvent dénudés et sexualisés, en tout cas toujours “fabulous” ! À mettre en opposition avec le traitement des femmes, reléguées au rang de personnages secondaires, moins importants, moins exubérants, moins intéressants et moins sexualisés —sur ce dernier point il n'y a guère que la scène du bain de Lisa Lisa—...



…sur le fond



C’est donc un exercice de style osé, très réussi... mais peut-être un peu vain ?


L’histoire est un peu faible et trop précipitée. Par exemple, j’ai du mal à croire au Hamon, au masque de pierre ou aux Pillar Men tellement ils sont peu introduits et développés. C’est d’autant plus important car Jojo's est un des rares shônen connus à prendre place dans notre univers, bien que le fantastique s'y taille la part du lion. Dans un univers complètement inventé, on a tendance à se poser moins de questions.
Idem pour les techniques de combat, qui sortent toutes un peu de nulle part. Et enfin, pour ce qui est pour moi la partie la plus importante d’un shônen : la progression du héros.


En fait la série n’arrive pas avoir des moments de calme, elle est sans arrêt dans la pose ou dans l’action. Pourtant, le calme est justement nécessaire pour mettre en exergue ces autres moments de tension…


Mais au delà de l’histoire, quel est le propos de Jojo’s ? Le thème principal est bien évidemment celui de la famille, de l’héritage, et du destin. Dans les deux arcs, Araki met en opposition un gentil fier de sa famille Joestar à un méchant qui renie la sienne, allant jusqu'au parricide. Après, il faut bien avouer que ça ne vole pas beaucoup plus haut.


Au fond, le seul truc vraiment intéressant est le traitement subversif de Von Stroheim, un officier de la Wehrmacht qui donna par la suite son look à Guile de la série Streetfighter. C’est une ordure sadique —même s’il n’est pas explicitement nazi—, mais qui prend conscience que les enjeux dépassent les intérêts de l’Allemagne nazi et va unir ses forces avec les protagonistes. Un respect mutuel en découlera, et même si Von Stroheim est par la suite moins cruel et plus sympathique, il ne reniera jamais son affiliation à l’Allemagne nazi —c’est son patriotisme qui est mis en avant, non pas son idéologie—.


Bref, Jojo’s Bizarre Adventure n’est peut-être qu’un prétexte, qui sert à nous montrer des personnages déjantés, décomplexés, et incroyablement cool une fois qu’on s’est fait à leur style. Il ne faut pas aller chercher beaucoup plus loin, mais c’est déjà bien ! Je ne pense pas que ce soit un chef-d’oeuvre, du moins pas dans ces deux premiers arcs, mais elle vaut la peine qu’on persévère jusqu'au bout d'un Phantom Blood poussif. J’ai hâte de voir la suite : Stardust Crusaders !

Bastral
7
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le 31 oct. 2018

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Bastral

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