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"I don’t want to be anything other than what I’ve been trying to be latelyyyyyy !!!!"


Ah Les Frères Scott ! Le genre de série où tu jettes un œil par curiosité juste pour combler une heure creuse dans ton emploi du temps avant d’oublier ce que tu viens de voir. Une semaine plus tard, tu ne sais pas pourquoi, ta tête scrute l’écran sachant pertinemment que tu as mieux à faire devant ces pleurnicheries de famille déconstruite. Des mois après, tu ignores être devenu un fan introverti pour qui, le secret dévoilé de la fidélité au show, serait une atteinte à tes goûts. Et pourtant, las d’attendre les inédits dans les programmes de TF1, tu quittes le navire pour goûter à d’autres festivités de la jeunesse un peu moins nunuches. Or, qui aurait présager un jour que l’intégralité des Frères Scott allait se présenter pour être vue dans son ensemble et appréciée de ses qualités bien souvent cachées par des couches de guimauve.


Pas moins de 9 saisons de teen drama initiées par Mark Schwahn ont squatté des têtes et les cœurs des gens avec une galerie de personnages ayant tracé leur chemin au fil des épisodes bardés d’épreuves en tous genres, de rencontres fortuites, des coups du sort, des indiscrétions bien salées et des heureux événements. Assaisonné de basket, de musique agressive et de citations d’écrivains, trois cadres qui forgeront les personnages appelés à prendre ces voies, Mark Schwahn tient dans sa main son œuvre sentimentale touchée par une réelle portée dramatique en hissant des figures communes hors des sentiers battus.


En prenant la famille forte de ses dysfonctionnements et ses relations décousues, Mark Schwahn concocte une entreprenante marmite où le graveleux se mélange à de la consensualité bien exagérée pour obtenir une production typique du public CW légèrement au-dessus de la moyenne avant de tomber quelques saisons après dans une médiocrité effarante facilement évitable.


L’histoire de ces deux frères ennemis, passionnés par le basket issu du même père fourbe qui rejette son fils aîné gentil baignant dans la modestie pour valoriser à l’extrême son cadet dopé à l’arrogance et aux bêtises les plus vils, en creuse d’autres pour grossir la boule d’intrigues qui guette la saison 1.


Dominée par les excellents personnages Dan et Nathan Scott en duel constant pour la concrétisation d’un rêve qui se paie au prix fort, la saison 1 insiste dans la mise en abyme des rapports avec une répétition des erreurs pour alourdir les personnages d’une destinée sans appel. L’intérêt allant aux Scott version bad dont le très bon épisode 12, Au nom du père, lave le linge sale en famille.
Un autre personnage s’illustre à merveille dans le mouvement gothique sans en revêtir l’apparence, Peyton Sawyer, la rebelle blonde pom pom girl, abonnée au pessimisme et à une souffrance intime rappelée par de nombreux événements.


Le reste du casting brillera sur les autres saisons qui prennent de la graine et une nouvelle identité. La saison 2 va dans ce sens avec un montage plus dynamique (raccords sonores sur un mot et raccord visuel sur un geste), un étalonnage aux couleurs chaudes et tape à l’œil, une bande son diversifiée et des personnages plus enrichies. Lucas, plus intéressant par ses péchés que par son profil d’ado sympa, devient un lycéen zen, distributeur de karma avec son crane rasée et ses tongs qui livrera son combat contre Dan, le salopard number one. Brooke sort de son étiquette de femme facile, Keith se fait briser, la très propre Debbie va glisser vers la pente du Milf, Nathan & Haley vivront des périodes difficiles et ça ira de mal en pis lorsque la saison 3 va radicalement changer la série avec un épisode charnière. Ce moment va marquer Les Frères Scott jusqu’à la 9 ème saison dont l’instigateur principal, frappé d’un rayon de conscience qui va opérer un transfert comportementale sur sa personne.


Abordant de front une maturité qui attrape les personnages, Mark Schwahn poursuit ses efforts sur la qualité du show en réactualisant son style (gimmick visuel, humour plus pertinent, etc.) et en bricolant de très bons épisodes aux scénarios solides (ép. 9 & 10 de la saison 4 parmi tant d’autres) qui donnent à One Tree Hill (le titre étant bien meilleur en version originale) un bel halo. Les 4 premières saisons sont les plus à même de définir la série qui peut se targuer de proposer un chapitre complet avec une vraie fin (qui n’en sera pas une malgré ce retour idéal sur le terrain de basket avec l’ultime face-à-face) et un soulagement de lâcher ces personnages désormais en phase avec leurs ambitions après tant de coups encaissés.


Les 5 autres saisons plongent tête baissée dans une mollesse sans nom, dopées aux bons sentiments qu’il est possible d’avoir une indigestion. Excepté la saison 7 qui sort de sa routine pour asphyxier une cellule familiale entre un scandale et une mort programmée, les autres ne semblent être suivies que par l’apport des personnages secondaires efficaces ou des incursions assez surprenantes dans un genre éloigné du show (ambiance zombie aux maquillages réussis, ambiance super héros, ambiance pastiche des films X, un épisode de la saison 6 se déroule dans les années 40). Plus le chemin se trace avec les personnages, plus l’envie de revenir en arrière s’en ressent en voyant la manière dont ils sont traités pour étirer jusqu’à épuisement des stocks des scénarios sans véritable fond. Dès le prégénérique d’un épisode de la saison 8, deux personnages remettent en cause deux critères qui ralentissent la série, la prise de tête pour pas grand-chose (cité par Jaimie à son père) et l’excès de sentiment ouvertement conspué par Victoria, une mère sans scrupules.


Dan, interprété par Paul Johansson, restera l’un des meilleurs personnages complexes du show qui a marqué chaque saison par un état d’esprit bien distinct, vivotant autour des personnes qu’il a reniées avant de bénéficier d’une conclusion royale pour retrouver un salut tant de fois espéré. One Tree Hill n’aura pas été la série nunuche tant appréhendée avant de tomber à pieds joints dans le bain si tentant du mielleux à tort.


Le bon travail des comédiens de doublage français ne doit pas faire oublier la version originale qui ajoute une cuillère de saleté dans la bouche des personnages surtout quand le sexe hante leur tête !

John_Irons_Stee
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le 5 sept. 2015

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