Voir la série

Nouvelle série Netflix, Les Irréguliers de Baker Street, comme son nom l’indique, s’inspire très librement des aventures de Sherlock Holmes en se penchant sur ces petites mains qui aident le détective dans certaines de ses enquêtes à partir d’Une Etude en rouge (1887). L’idée de départ est plutôt sympathique, la mise en image également. Le téléspectateur se retrouve plongé au cœur de l’Angleterre victorienne, superbement rendue par des décors et des costumes de grande qualité. La thématique de départ est également passionnante, puisque les scénaristes ont choisi de mêler des trames policières à des motifs fantastiques, nous entraînant dans des enquêtes à la fois étranges et angoissantes. Les références cinématographiques, littéraires et ésotériques sont nombreuses et plutôt bien choisies. On passe ainsi des Oiseaux d’Hitchcock à la fée des dents, de la Golden Dawn au vaudou, en s’inspirant également des romans de formation anglais, Jack l’Eventreur et La Maison hantée de Shirley Jackson.
Résolument tournée vers la jeunesse, la série met en scène quatre adolescents, deux sœurs et deux garçons, qui vivent dans les bas-fonds de Londres et qui vont être engagés par le docteur Watson pour élucider des meurtres surnaturels. Incarnés par des acteurs inconnus qui sont plutôt convaincants, à part Thaddea Graham (qui joue Béa et qui est aussi mauvaise que dans L’Ecuyer du roi, une autre série Netflix). Ainsi, Darci Shaw qui joue Jessie, une jeune fille aux étranges pouvoirs, possède un regard magnétique. Jojo Macari est Billy, le casse-cou de la bande, tandis que McKell David est Spike, le débrouillard. A ces quatre personnages assez stéréotypés, mais bien rendus, s’ajoute Harrison Osterfield, le prince Léopold, amoureux de Béa et qui s’invite dans le groupe de manière anonyme.
Mais tout n’est pas positif dans cette série. De nombreux anachronismes et incohérences émanent chaque épisode. En premier lieu, au cœur d’une Angleterre victorienne foncièrement raciste, le docteur Watson ainsi que le duc de Wellington sont noirs. Ce même duc possède un garde du corps (sic) lui aussi noir, qui possède un gilet pare-balles (re sic). La société est d’ailleurs étrangement multiculturelle. Béa est chinoise, alors que sa sœur Jessie est blanche, sans qu’aucune explication ne nous soit donnée. Pourtant, il y a pire. Tout d’abord, à certains moments, la bande originale est atroce, criarde et totalement anachronique, comme une chanson évoquant New-York lorsque les personnages arrivent devant le 221b.
Passons là-dessus, parce que ce sont des choix, certes discutables, mais qui seraient défendables si le caractère de Watson, de Mycroft Holmes et de Sherlock lui-même ne dénaturait pas les personnages d’origine. En amoureux de l’œuvre de Conan Doyle, ces trahisons apparaissent comme inacceptables. Le personnage de Béa se montre plus intelligent que Mycroft lui-même, ce qui est totalement invraisemblable. Surtout que ce dernier apparaît comme un lâche, pleurnichard et totalement tétanisé lorsque survient une tragédie. Watson est un être vil, méprisant et négatif (comme la plupart des personnages de couleur de la série, le duc en tête), à l’opposé du personnage de romans. Lestrade est un cul-béni armé d’un pistolet de cow-boy, madame Hudson est une marchande de sommeil et certains dialogues sont carrément risibles.
Le constat est donc mitigé. Certes, il est aisé de se laisser entraîner dans les aventures du quintet, mais les erreurs et les trahisons sont trop nombreuses pour que l’adhésion soit totale.

DenisLabbe
6
Écrit par

Créée

le 28 mars 2021

Critique lue 1.8K fois

3 j'aime

Denis Labbe

Écrit par

Critique lue 1.8K fois

3

D'autres avis sur Les Irréguliers de Baker Street

Les Irréguliers de Baker Street
An-Zun
7

Baker Street Forever

Radicalement différents de ce qu'on a pu habituellement voir sur les aventures de Holmes et Watson à l'Ecran, cette série se focalisent sur une bande d'ados des bas-quartier de Londres qui vont...

le 4 avr. 2021

4 j'aime

5

Les Irréguliers de Baker Street
AdamMoulai
5

Une série qui parle du racisme anti-riches

Londres, XIXème siècle, des orphelins tentent de gagner de l'argent pour payer leur loyer et éviter d'aller au camp de travail (Bien, on montre la cruauté de la société de l'époque). Ils rencontrent...

le 28 mars 2021

4 j'aime

Les Irréguliers de Baker Street
DenisLabbe
6

Les irrégularités de Baker Street..

Nouvelle série Netflix, Les Irréguliers de Baker Street, comme son nom l’indique, s’inspire très librement des aventures de Sherlock Holmes en se penchant sur ces petites mains qui aident le...

le 28 mars 2021

3 j'aime

Du même critique

Lupin
DenisLabbe
3

Loupé : dans l'ombre d'Omar

Lupin (2021) Lancée à grands renforts de publicité, cette série Netflix s’appuie sur une distribution construite autour d’Omar Sy et une intrigue soi-disant basée sur des références à Arsène Lupin...

le 8 janv. 2021

20 j'aime

10

Tribes of Europa
DenisLabbe
5

Les 100 de l'Europe

Série allemande Netflix, tournée en allemand et en anglais, Tribes of Europa s’inscrit dans une mouvance postapocalyptique à la mode. A ce sujet, les Allemands ne font pas les choses à moitié : ils y...

le 19 févr. 2021

19 j'aime

Lovecraft Country
DenisLabbe
9

L'Appel d'Ardham

Nouvelle série sur OCS signée HBO, Lovecraft Country s’inspire de l’univers lovecraftien et d’une nouvelle de Matt Ruff pour nous dépeindre une Amérique en pleine déliquescence, gangrenée par ses...

le 17 août 2020

13 j'aime

3