Bien plus qu'une simple série d'animation

On pourra accuser le coup de la nostalgie aveugle, mais pour moi, Les Mystérieuses Cités d'Or est sans conteste l'une des plus grandes réussites de l'animation, voir des séries en général.

C'est vrai, j'ai grandis avec, revoyant inlassablement la série encore et encore, usant mes DVD, mais s'il y a bien une raison pour laquelle je reviens sans cesse dessus, c'est bien parce que c'est une série de qualité, à voir, et revoir.

Alors oui, j'admets des défauts aux Mystérieuses Cités d'Or, l'animation parfois assez primaire (en même temps, vu l'époque), les voix de personnages qui changent parfois (surtout Sancho et Pedro, ainsi que Gomez), il y a certains épisodes en trop, certaines longueurs (notamment au début).

Mais voilà, Les Mystérieuses Cités d'Or est une perle rare, car c'est non seulement une série qui s'améliore au fil des épisodes, mais aussi une des rares séries d'animation qui ne prend pas son public pour un con écervelé. J'irai jusqu'à dire qu'il s'agit-là d'une des séries d'animation les mieux écrite de tout les temps.

Là où la série brille surtout, c'est dans l'écriture de ses personnages. Et c'est le cas, sur quasiment tous. En fait, trois quart des personnages sont avides d'or, ne courent qu'après un but, trouver ces foutues cités d'or. Que ce soit les colons espagnols comme Pizaro qui n'hésitent pas à ravager des civilisations pour y parvenir, Mendoza qui manipule aisément Esteban, Sancho et Pedro qui ne parlent que de ça, le Docteur et Marinche manipulateurs et de véritables enflures, les Olmèques qui sont à la recherche de la cité pour sauver leur espèces, tous ne courent qu'après ça.

A côté, on a les trois personnages principaux, les enfants, qui sont aussi à la recherche des cités d'or mais pour des objectifs bien différents. Esteban tente de retrouver son père disparu lors d'un naufrage, Zia qui a été kidnappé par Pizaro cherche aussi son père, et Tao... bah justement, ça m'a toujours un peu dérangé, mais à part accompagner ses potes, Tao n'a pas vraiment d'objectif (quand je vous dis que je vois les défauts de cette série).

Bon, là je me rend compte que je vais devoir spoiler parce qu'en vérité, les vingt-cinq premiers épisodes de la série sont bons, mais loin d'être extraordinaires. On suit juste Esteban et sa bande voyager à la recherche des Cités d'Or avec moult péripéties. En fait, la série devient véritablement sensationnelle une fois qu'ils ont atteint le pays Maya avec l'arrivé du Docteur et ensuite des Olméques.

Car une fois ce cap franchi, tout les personnages se retrouvent, certains qu'on avait pas vu depuis un bon bout de temps réapparaissent, et le scénario les utilise parfaitement pour faire avancer l'histoire. Une fois que les Olmèques apparaissent, tout les personnages qui cherchent l'or se foutent sur la gueule et c'est juste énorme tellement c'est bien foutu avec des jeux de manipulation. Ça l'est d'autant plus dans les derniers épisodes où ce conflit odieux se finit en séisme avec, bouquet final, la destruction totale des cités d'or (j'avais prévenu que je spoilais).

Mais ce qui me fait surtout chavirer, c'est la conclusion des quêtes d'Esteban et de Zia. Car, bon sang, que c'est cruel. Ces enfants au cœur pur voient leurs ambitions détruites par l'avidité des hommes. Le père de Zia se fait tuer lors d'une bataille entre Olmèques et Maya, et concernant le père d'Esteban...

Je trouve que c'est l'un des meilleurs retournements de situation que j'ai pu voir dans une série en fait. Le père d'Esteban se révèle être le gardien des cités d'or, et son devoir l'oblige à se sacrifier pour sauver la vallée (et son fils par la même occasion), mais pour ne pas faire de peine à Esteban, il ne lui révèle pas leur lien, seul Mendoza découvrira la vérité, lui qui est devenu une forme de figure paternelle pour Esteban. Et je l'ai dis dans plusieurs critiques, mais quand une œuvre aborde la figure paternelle, ça me touche tout particulièrement, et ça n'a jamais été autant le cas que dans les Cités d'Or. Voir ce père se sacrifier pour sauver son enfant qui le voit partir au loin vers une mort certaine sans savoir qui il est... bah ça me fait chialer. Voilà, c'est dit !

Ça me déchire le cœur que la folie des hommes puisse causer autant de ravage d'un point de vue écologique, mais aussi pour les générations futures, je trouve ça foutrement bien écrit, et ça me rend tout triste (ouh qu'il est sensible).

Cependant, la réussite de l'écriture ne tient pas que des personnages merveilleusement bien développés, il tient aussi du contexte. Les lieux explorés, les trésors que découvrent nos héros, les villages, tout s'inspire merveilleusement bien de l'époque des conquêtes, le tout ponctué par des mini-documentaires superbement narrés et très documentés. Les Cités d'Or, en plus d'être une aventure pleine de péripéties, informe son spectateur, lui fait découvrir l'histoire, tout en incluant certains codes de la science-fiction surtout vers la fin.

D'autant plus que tout ça est accompagné par une BO ô combien merveilleuse. Au début, la musique est parfois mal placée, mais vers la fin, elle est utilisée subtilement, et amplifie les émotions (je reviens dessus, mais la musique quand le père d'Esteban le quitte à la fin est déchirante).

Alors ouais, je l'admet, les Mystérieuses Cités d'Or n'est pas une série parfaite, elle a des défauts, certains aspects ont mal vieilli, mais bon sang, qu'il est rare de trouver une série d'animation aussi bien écrite, aussi respectueuse de son public, qui arrive à offrir un divertissement de qualité tout en étant instructif. Les Mystérieuses Cités d'Or est tout ce que devraient être les séries d'animation, drôle, divertissant, épique, et émotionnellement puissant. Donc pour moi, c'est une évidence, c'est un chef d’œuvre, le modèle de réussite de l'animation, tant par son écriture que par sa réalisation (l'animation n'est pas tout le temps au rendez-vous mais la mise en scène demeure spectaculaire).

S'il y a bien une œuvre que je montrerai à ma descendance, c'est bien celle-ci tant elle a bercée mon enfance et continu de me faire rêver adulte. Un pur bijou franco-japonais comme on en voit pas assez. Bref, un chef d’œuvre intemporel.