Je ressors du visionnage de la 1re saison de cette version de Sabrina. Et si vous vous trouviez devant moi maintenant, je vous regarderai d'un air désolé, en poussant un lent soupir un peu comme si vous me présentiez une tarte aux pommes complètement cramée en me disant que c'est là votre meilleure cuisine.
Oui. Désolé pour vous, quoi.
Je précise que je ne connais ni la 1re version de Sabrina (au plus j'avais regardé des épisodes d'une adaptation animée.. en allemand), ni Riverdale. On pourra dire que cela biaise mon jugement, mais je fais partie de ceux qui considère que l'appréciation d'un objet filmique (film ou série) ne doit se faire qu'à l'aune de lui-même, avant toute comparaison avec son original ou son contexte, quel qu'il soit. C'est laisser sa chance au produit.
(Faux) Dieu du ciel, que c'est foutraque. Que ce soit au niveau du folklore, des personnages, du rythme de l'intrigue et de sa cohérence, ça n'a ni queue ni tête. On pourrait se dire qu'il faut le prendre au Nème degré, que les invraisemblances sont volontairement présentes parce que "ce n'est pas l'essentiel", mais le problème est que la série n'arrête pas de se remettre dans un contexte "réaliste" et donc du coup on ne peut pas s'appuyer sur les invraisemblances!
Est-ce du grand-guignol? Du dark pour (post-)ados? Une écriture mature avec des thématiques adultes kifonréfléchir? A la fois tout ça et donc, rien de cela.
Et je ne vois pas comment on peut encenser un traitement aussi désinvolte : la personnalité de Sabrina change en permanence, les relations entre les personnages sont tantôt crédibles, tantôt non, les principes de l'église satanique sont remaniés sans cesse (pas mal pour un truc qui se veut ancré dans la tradition), et on a l'impression que tout se passe en 15j là où n'importe qui aurait besoin d'1 an ou 2 pour encaisser 1 seul des trucs qu'ils traversent.
C'est ce que je ne comprends pas : il était possible de donner du temps, montrer le passage des saisons à mesure que le temps s'écoule entre 2 épisodes, mais non, Sabrina se prend tout sur le coin de la tronche en une petite quinzaine. J'espère qu'elle avait bien dormi avant.
entre autres :
L'épisode du démon du sommeil (je ne spoile pas son nom, mais wouah, ça fait penser à un nom de forum du BTP, merci) a tout de même eu le mérite d'une chose : me faire réaliser à quel point Buffy était bien écrit. Et pourtant, je ne suis pas un défenseur naturel de Buffy !!! Mais Sabrina m'a fait réaliser à quel point le monde de la tueuse était crédible, la narration maîtrisée, les personnages cohérents, même dans leur évolution. Et là, on accepterait cette soupe because of the alignement astral Netflix/Prestige TV/2018? Eh, oh, réveillez-vous!
Evidemment, tout n'est pas à jeter! Il y a quelques bonnes idées : faire intervenir la magie avec peu voire aucun effet spécial, quelques représentations bien fichues (faire partie des sorcières c'est tomber dans un mode de duperie, manipulations, etc), et globalement les décors néo-kitsch rendent bien l'atmosphere et nous mettent dans une sorte de Halloween permanent.
Mais c'est bien tout. A la rigueur les épisode 8 et 9 étaient pas mal : Sabrina paie le prix d'une certaine arrogance qu'elle s'était construite tout du long de la série avec son attitude bravache, et on a un retournement de point de vue assez surprenant où la personne qui était désignée comme celle qui "aurait raison avec le spectateur complice contre le reste des personnages bien ignorants" se retrouve finalement avoir fait les mauvais choix (et l'empathie du spectateur s'en retrouve diminuée d'autant). On peut d'ailleurs aller jusqu'à admettre la possibilité que c'est cette prise de conscience trop tardive qui induit les choix qu'elle sera amenée à faire par la suite.
Mais c'est bien tout.
J'aurais pu écrire plus, ou différemment, mais il est tard et j'ai la flemme. A+!