Making a Murderer
7.7
Making a Murderer

Série Netflix (2015)

Voir la série

Je commence la série avec Lise, une amie. J’ai vu le premier épisode et je lui en fais deux tonnes, il parait que la vérité va nous hanter, lui dis-je, reprenant le slogan du teaser. Elle adhère dès le début. Lise passe deux ou trois fois par semaine chez moi et si je lui promets de l’attendre pour avancer dans l’histoire, je bouillonne de jour en jour, le suspens, distillé à travers le lent rythme de ces heures, parfois intenables, d’interrogatoires et de procès, me tue littéralement. Lise se pointe un soir où nous avons prévu de baiser comme des singes mais très vite, je me court-circbite. Je lui prépare un thé, sors quelques biscuits et relance la série là où nous nous sommes arrêtés, c'est-à-dire, l’épisode six. Il est 19h00, il reste environ cinq heures de show et je compte bien lui imposer ce foutu marathon. Et tant pis pour l’autre marathon.

Les heures passent et la fatigue a raison de Lise mais elle se réveille en sursaut alors qu’à la mise en lumière de tous ces fumiers, je m’anime d’une nervosité sans nom. Je serre ses membres inférieurs, tape sur les miens et lance des insultes à la télévision. J’enverrais bien sa tasse de thé à travers le poste alors qu’y défile le visage de ces ordures qui m’filent envie de brûler un monde dans lequel j’ai déjà si peu de foi. Making A Murderer me partage entre tellement de sentiments que je ne suis même pas capable de les interpréter tous. Durant le dernier épisode, je suis comme un diable, il reste trente minutes et la frustration mousse par tous les pores de ma peau. Lise, qui déteste l’odeur du tabac, me prie presque d’allumer une clope ou même un joint. À plusieurs reprises, je regarde la montre. Il reste cinq minutes. Il reste deux minutes. Il reste trente secondes. Colère, dégout, haine, incompréhension, frustration², je suis vidé mais sûrement pas dans le bon sens du terme. Le générique tombe, désœuvré, je ne sais pas quoi faire, plus quoi dire, je viens de prendre une claque monstrueuse et vais, très certainement, mal dormir. Outre l’histoire aberrante de ces pauvres gens pris dans les méandres d’un système judiciaire américain corrompu des pieds à la tête, je reste tout autant médusé du rôle joué par cette caste médiatique, bourreau d’un coté et sauveur d’un autre. Lise rage de tout son soûl, je te déteste, fulmine t’elle, blasée. J’aimerais en rajouter une couche pour l’enfoncer à coup de « je te l’avais dit » mais je suis trop occupé à lutter avec mes propres émotions alors que les questions sans réponse fusent dans ma tête. Hallucinant, rageant, honteux, les mots me semblent faibles et j’imagine qu’on se hisse, haut la main, au top de ces pires réalités qui dépassent nos meilleures fictions. Machinalement j’attrape le téléphone de Lise, lance une recherche Google et vois que Netflix a commandé une saison deux. Putain, le show du siècle, pensé-je.

Bert_Veilleux
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleures séries originales Netflix

Créée

le 27 déc. 2017

Critique lue 372 fois

2 j'aime

2 commentaires

Bert_Veilleux

Écrit par

Critique lue 372 fois

2
2

D'autres avis sur Making a Murderer

Making a Murderer
Winslow_Leach
7

Making an innocent

Série évènement d'ores et déjà devenue phénomène de société, Making a murderer relate les évènements et le procès de Steven Avery, un redneck plus qu'énigmatique déjà condamné en 1985 à 18 ans de...

le 6 janv. 2016

13 j'aime

8

Making a Murderer
Fatpooper
4

Pitié pas de saison 2 ni dans 10 ans ni jamais !!

Assez déçu par cette série ; je m'attendais à ce que le système judiciaire soit vraiment entâché, mais pas vraiment en fait. Pour tout dire, arrivé à la fin du premier épisode, je me suis dit que...

le 23 juin 2016

11 j'aime

18

Making a Murderer
limma
7

Critique de Making a Murderer par limma

En 2005, Laura Ricciardi et Moira Demos, s'intéressent au cas de Steven Avery, (et de son neveu) condamnés par le conté de Manitowoc, dans le Wisconsin. Elles réalisent sur une dizaine...

le 19 déc. 2019

9 j'aime

3

Du même critique

Section 99
Bert_Veilleux
4

Rien à brawler

La jaquette du blu-ray renseigne l’un des films de l’année 2017 et une performance sans précédent de Vince Vaughn mais j’espère sincèrement qu’ils auront la bienveillance de distribuer des tubes de...

le 8 déc. 2017

8 j'aime

1

Room
Bert_Veilleux
9

Oh my !

Finalement ce qui me sied le mieux, c'est de ne rien savoir à propos d'un film. Enfin, je savais, ici, pour l'oscar de l'actrice, je ne vis pas dans une grotte non plus mais je n'avais absolument...

le 2 mars 2016

6 j'aime

4