Le happy meal de l'horreur

Comme d'autres, il m'arrive de tester les tentatives françaises en matière de fiction de genre. Comme d'autres, je suis souvent déçu. Comme d'autres, j'appuie parfois sur play, déjà résigné, comme animé par une curiosité malsaine, cherchant seulement à jauger à quel point ils se sont planté cette fois... Et cette fois, malgré ce que ma note pourrait laisser penser, j'ai un avis plutôt nuancé à partager.

Marianne n'est pas la catastrophe industrielle habituelle, c'est juste une série qui ne connait pas son public et qui concourt dans la mauvaise catégorie.
Démystifions l'enrobage marketing autour de la série : Marianne n'est pas une oeuvre horrifique dérangeante et ambitieuse. Marianne, c'est une comédie à jumpscares pour ados déguisée en blockbuster de l'horreur.
Ce n'est pas évident au début, mais plus les épisodes s'enchaînent et plus c'est criant.
Contre toutes attentes, les dialogues légers sont ce qu'il y a de plus convaincant tandis que TOUT l'aspect horrifique est un ramassis de clichés éhontés et moisis qui n'impressionneront que votre chat ou votre neveu Enzo.
Voilà, une fois qu'on comprend et digère ça, on peut voir la série pour ce qu'elle est : un teen-movie français.

Donc, partant de ce postulat, qu'est-ce que ça vaut ?

Et bien la majorité des acteurs s'en sortent plutôt bien, si on compare avec le reste de la fiction audiovisuelle française, mais il y a aussi quelques tâches. Par exemple, la vieille possédée a la tête de l'emploi mais perd toute crédibilité dès qu'elle ouvre la bouche. C'est de la récitation de punchlines américanisées... comme pour la majorité des scènes où les auteurs essayent d'impressionner horrifiquement le spectateur.

Ensuite, je regrette amèrement que la mythologie et l'ambiance horrifique soit aussi vide et réchauffée, à la limite de la parodie ou du plagiat, au choix. Et enfin je débecte ce recours paresseux et systématique à des jumpscares si vulgaires. Mais bon, c'est une série pour ado (qui s'assume pas) après tout, donc j'imagine que certains seront rassasiés.

Finalement, les seules étincelles d'âme de cette série sont ces quelques interactions amicales d'un naturel presque inédit dans nos productions télévisuelles, ce côté anglo-saxon aussi, dégageant un charme bancale : ce mode "on se prend pas trop trop au sérieux parce qu'on sait qu'on est pas vraiment crédible au fond". Vous savez, dans la série Sherlock par exemple : les effets de montages un peu grossiers, les petites scènes humoristiques alternant avec les moments de thriller "premier degré". Et bien c'est ça Marianne...

Je maintiens cette note car je ne suis pas client et que cette série reste globalement médiocre à mes yeux, mais si j'avais un conseil à donner à ces auteurs et ces producteurs, c'est de porter leurs couilles et d'assumer ce qu'ils font, au lieu de s'aliéner une bonne partie du public en prétendant à la catégorie poids lourds.

Arrêtez, arrêtons, de faire genre.