Marseille
4.2
Marseille

Série Netflix (2016)

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Dire que Marseille était une série peu attendue faisant une entrée discrète serait un doux euphémisme. L'annonce de Marseille a retenti comme l'effet du bombe au près des sériephiles et consommateurs acharnés de Netflix. La série, vendue comme un « House of Cards français » ,et étant le premier produit français produit par Netflix, était annoncée comme la révolution du PAF. Une série, capable de changer le système de production sériel français et pouvant faire directement affront face aux américains. Une telle ambition et attente suscitée laisser entrevoir l'arrivée d'un événement important pour notre paysage audiovisuel. Mais le résultat n'est qu'une farce, un pétard mouillé, un naufrage industriel sans précédent pour Netflix qui signe ici sa première grosse purge de son catalogue.


Marseille n'est pas ce qu'elle semble être. Estimée comme une série politique où deux partis s'affrontent lors des élections municipales, c'est au final une histoire familiale qui prend le dessus. Une histoire familiale, inintéressante et d'un ennui sans fin. Parce que au final, Marseille, c'est l'histoire d'une consenguité sans queue ni tête. Accumulant les sous-intrigues par des personnages caricaturaux, elle ne parvient à captiver à aucun moment. On se retrouve face à des sous-intrigues digne de Plus Belle la vie ( et sans rire) avec tous les plus beaux clichés possibles. Il est quand même à noter qu'il est presque scandaleux de voir comment les personnages féminins sont présentés. On a l'impression de voir des machines à sexe décérébrées à plusieurs moments. En 2016, il est presque honteux de voir encore cette étiquette revenir de manière récurrente au sein d'une série pour stigmatiser un personnage féminin. C'est un fait !
La dimension politique, qui semblait être le cœur essentiel de la série, se dissout totalement. Faut il déjà qu'elle ait existée une minute dans la série … On se retrouve face à un maire complètement anecdotique, d'une passivité déconcertante, n'usant jamais de sa fonction, et qui pourrait être à n'importe quel autre poste si on ne l'appelait pas « Monsieur Le Maire ». Dénué de toute crédibilité, il est en total naufrage comme le spectateur qui assiste à un spectacle déconcertant par sa nullité, enchaînant les dialogues ridicules aux grosses punchlines grotesques sans parler des rebondissements, des coups de théâtre, qui laissent indifférents et qui tombent totalement à l'eau. On reste bête, inactif, déconnecté de ce qui se passe à l'écran sans aucune réaction de notre part. Nous sommes comme des automates face à notre télévision sans la moindre émotion ni expression. Rien ne fonctionne, rien ne captive, et c'est là le gros point noir. L'énorme potentiel possible s'échappe totalement. Marseille est filmée de manière anecdotique. La ville n'a pas d'âme, on ne ressent pas toute son authenticité et toutes ses particularités qui tiennent tant au cœur des marseillais. Les problèmes de société ou de criminalités sont totalement boudés, inexistants, d'où l'absence de dimension politique à la série. L'évocation, au niveau du minimum syndical, de la corruption avec les jeunes des cités est invraisemblable et peu crédible. On ne croit pas un seul instant à autant d'investissement de la part de jeunes marginalisés à s'investir d'un moment à un autre avec conviction au sein d'une campagne électorale ...


Si on oublie la qualité médiocre d'écriture, la mise en scène ne vient pas rehausser le niveau. Le montage alterné avec des coupes violentes est désagréable, les travellings incessants de Monsieur Siri sont insupportables et perdent totalement du sens, sans parler des plans larges de Marseille avec l'image qui se déforme qui font saigner la rétine. Les flash-backs, avec une forme d'introspectation, sont d'un immondisme sans nom en plus d'être d'énormes facilités scénaristiques. Et si tout cela ne suffit pas, la redondance et récurrence de la musique qui vient toujours rajouter une couche supplémentaire pour accentuer les effets renforce l'effet narnadesque déjà présents?
Le casting, annonçant un énorme duo Depardieu/Magimel ( les pauvres ...), sont au fond du trou. Depardieu est en roues libres, et Magimel est face à sa plus mauvaise interprétation. Son surjeu constant et son accent marseillais ( qui fait des va et vient) pour son personnage, caricaturé comme un baiseur colérique, est presque gênant. Autant pour lui que pour nous, spectateur. Et ne parlons pas de Géraldine Pailhas, clichée à souhait, qui surjoue de manière insupportable la femme mélancolique.


En fin de compte, Marseille est une catastrophe industriel, un ratage complet où on se demande comment Netflix a pas tiré la sonnette d'alarme à la lecture du scénario. La série est au final un concentré de tout ce qui va pas dans l'audiovisuel français "grand public". Une fainéantise d'écriture, une redondance de clichés, et une prétention omniprésente dans la mise en scène ( à force de voir le nom de Siri partout dans le générique, ça fait légèrement prétentieux). La série se noie considérablement de minute en minute dans son dysfonctionnement le plus total. Mais elle se laisse cependant se regarder bêtement. Juste pour jeter un oeil passionné sur le ridicule omniprésent au sein d'une série qui vise pourtant à se prendre très au sérieux avec acharnement du début à la fin.


Une raison pour une éventuelle Nuit Debout sur le Vieux-Port ?

Créée

le 9 mai 2016

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