Marseille
4.2
Marseille

Série Netflix (2016)

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Marseille est la première production française de NetFlix, et en plus d'y retrouver des créateurs issue du cinéma (Florent Siri, Thomas Gilou), on constate des noms un peu connu comme Gérard Depardieu, Benoit Magimel, mais aussi le trop rare Hippolyte Girardot. NetFlix a donc placé la barre haute, très haute même, avec cette commande douteuse. Douteuse pourquoi ? Parce que c'est un ramassis de clichés à la fois sur Marseille, mais aussi sur les français, la jeunesse, l'amour, le pouvoir et surtout sur les femmes. Tout ces petits thèmes traités avec dédain sont enrobés par une intrigue salement ressemblante à du Dallas à la sauce bouillabaisse.


Au lieu d'un thriller politique envoutant, traitant des conséquences néfastes des sondages ou de l'huile jeté sur le feu par le 4ème pouvoir, on est face à une telenovela qui se balade entre le too much et le « pas-assez », sans jamais vraiment prendre ses marques ou trouver son style.
Pas d'action ou peu mais beaucoup de dialogues contenant des bouts de phrases qui veulent tellement devenir cultes qu'on dirait du Begbeider. Par exemple, une de mes préférés, je cite « On dit que les pendus jouissent avant de crever. Vous jouissez vous, quand vous mettez une cravate ? » ou encore « le vrai pouvoir, il se donne pas, il se prend». Sinon on a aussi du culte mais sans les deux dernières lettres, comme « Hmmm j'aime tes doigts... la prochaine fois, tu devrais essayer dans des gants de cuir » ou encore « à part ma queue, tu veux quoi ? », vous l'aurez compris, si vous êtes amateur de poésie, cette série n'est pas faite pour vous.


En plus d'être écrit comme un épisode de « Plus belle la vie » déguisé en « House of Card », c'est archi sexiste et misogyne. Il n'y a pas une femme de la série qui ne se fait pas prendre par derrière entre deux meetings, soit par intérêt, soit juste pour enfin se sentir exister. Désolée les meufs, vous n'existez toujours pas auprès des scénaristes et des réalisateurs de « Marseille ». Et absolument tout les personnages féminins principaux sont traités comme ça. Ce n'est pas une série sur le sexe, ni sur la débauche, c'est une série sur la politique et les 5 personnages féminins dégrafent leur soutien-gorge aussi vite que leur ombre. Bon, pour un peu justifier ça, on va voir y une frustration de la part de NetFlix à ne pas pouvoir faire ce genre de choses aux Etats-Unis alors ils se vengent à coup de clichés ahurissants. Bah oui c'est bien connu, la France, pays du libertinage !


La mise-en-scène est pauvre et basique. Ca pourrai être normal pour une série française, ça pourrait même être d'un niveau tout à fait acceptable, mais pas pour Florent Siri, c'est inconcevable. Les 4 premiers épisodes qui ont été réalisé par lui sont à la hauteur d'un soap-opera bas de gamme, et les 4 suivants réalisés par Thomas Gilou ne proposent rien, ces deux réalisateurs ont tout simplement abandonné de mettre en scène cette série après autant de contraintes et de refus artistiques de la part du producteur.


La conclusion de la série, à la fois ouverte pour permettre à NetFlix de nous pondre une saison 2 et à la fois fermée puisqu'elle scelle le scrutin, est complètement vide de tout dénouement. Qui des deux gagnera dans une bataille qui au final n'est jamais livrée. Durant 8 épisodes on nous promet un face-à-face sanglant de deux guerriers prêts à tout pour l'amour de leur vie, la belle Marseille, et c'est sans vraiment y croire qu'on assiste à un non-débat, une non-confrontation, à un non-dénouement donc. On se laisse envahir par le générique de fin avec une seule pensée : « Tout ça pour ça »


Seul point positif : Magimel et Depardieu se donnent à fond et s'en sortent avec les honneurs dans un océan de démesure, d'incohérence et de vide. Si je suis gentille et que je donne 2 étoiles à cette série, c'est une à chacun.


Donc, Marseille est à peine sortie et elle est déjà enterrée, il s'agit de 7h de dialogues creux, de batailles par texto interposés, de coucheries futiles, d'assassinats gratos à la pelle et de crédibilité zéro. Alors oui, les belles phrases toutes faites, les conflits politiques, la guerre entre les clans et deux monuments comme Depardieu et Magimel, ça donne le vertige. Mais ce n'est qu'un écran de fumée, car n'oublions pas que ce qui donne le vertige, c'est le vide.

Leah_Marciano
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le 13 mai 2016

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