Marseille
4.2
Marseille

Série Netflix (2016)

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Critique réalisée sans spoilers


Première série Netflix France, Marseille représente symboliquement un événement dans le paysage sériel français. Gros budget, gros casting, grosse promo. Tout est un peu à l’image de notre Gégé national dans cette histoire : monumental. Et je dois dire que cette agitation autour de l’événement m’a rendue bien curieuse. De son annonce jusqu’à sa diffusion, j’ai suivi le projet d’un œil et de plusieurs oreilles, en plaçant une certaine quantité d’espoir dans ce « House of Cards à la française » annoncé. Spoiler alert : j’ai pas été déçue (comme on dit).


Marseille, c’est donc une série qui se vend sur le slogan suivant : « Liberté. Egalité. Rivalité. » Une série politique, à priori. Toute la promo est axée là-dessus, à l’image de celle du dernier Captain America, qui met en relief sa rivalité avec Iron Man.
Et bien, autant le dire tout de suite, il n’y a de politique dans cette histoire que le choix de promotion et les mensonges qui vont avec ! (Bam! -dénonciation-). Marseille n’est pas une série politique. Elle use de ce milieu en toile de fond, comme on userait du contexte de la Seconde Guerre Mondiale pour vendre une histoire d’amour déchirante (-coucou, le cinéma français-). En réalité, Marseille n’est rien d’autre qu’un Plus Belle la Vie version hype. (Le mot est lâché) C’est une saga familiale qui ne se différencie de sa consœur que par la présence d’acteurs renommés au générique et une tentative de mise en scène élaborée.
Pas de place pour la subtilité, avec Marseille. Le scénario est tout ce qu’il y a de plus cliché. Le genre de scénario dont on voit venir les rebondissements en se disant « non, ils ne vont pas oser ! » (ils osent), et dont l’intrigue principale pourrait se démêler en une simple petite phrase (sauf que du coup, il n’y aurait plus de scénario… -voir scène finale de l’épisode 5-). Le Grand Prix de la Finesse est, lui, remporté par des dialogues d’une distinction rarement égalée. On se souviendra sans doute à jamais d’un Benoît Magimel (ou serait-ce Daniel Auteuil ? on ne sait plus) qui déclare de son plus bel accent chantant « Vous trouvez pas ça bizarre qu’on se touche le zob en parlant de Picasso ? » lors d’une séquence voluptueuse dans les douches. (Je penche personnellement pour un pari perdu par le dialoguiste, un défi lancé aux comédiens et/ou une inaptitude intellectuelle générale). Mais comme au fond ce n’est pas tous les jours qu’on se trouve face à du Jean-Luc Azoulay interprété par des acteurs au nom retentissant, on peut presque saluer la performance. D’autant que les comédiens donnent tout ce qu’ils ont pour tirer quelque chose de ces textes atterrants, hormis Magimel et Farès qui cabotinent, face à un Depardieu transparent.
Pour savoir apprécier le reste, il faut posséder soit un sérieux sens du second degré, soit un penchant certain pour les nanars. On ne croit en rien : ni à la mise en place douteuse des personnages et de leurs relations, ni à leurs réactions face aux situations vaudevillesques auxquelles ils sont confrontés.
Illustration dialoguée :
– J’ai une mauvaise nouvelle, il n’a rien voulu me dire.
– Est-ce que tu l’as sucé ?
– Non.
– Ah ben c’est pour ça !

Le ton se veut acerbe mais reste désolant, et là où on tente de faire de l’esprit, tout n’est que caricature. Un tel manque de profondeur finit par devenir aussi cruel que la coiffure de Nadia Farès, et lorsqu’on voit Depardieu faillir dans son interprétation on ne peut que constater l’abîme vertigineux dans lequel sombre la série.


Au fond, tout ceci serait presque excusable si Marseille n’avait pas eu la prétention de se prendre pour ce qu’elle n’est pas. « Regardez comme elle est belle, notre « House of Cards » à la française ! » ont-ils cru bon de scander. C’est un peu comme si Rika Zaraï se déguisait en Maria Callas pour chanter à l’opéra. On se fend bien la poire, mais le costume ne parvient pas à faire illusion. Qu’il s’agisse de l’image (se voulant léchée sans pour autant proposer d’intention artistique), de la musique (placée là comme une nappe sonore redondante) ou du montage (atroce), tout dans Marseille reste bel et bien à envier à nos confrères américains.


Pourquoi tenter de créer quelque chose d’élaboré lorsqu’on peut tout bâcler, finalement ? Regarder Marseille, c’est un peu se demander si l’on n’est pas en train d’assister à un cours d’apprentissage d’écriture de scénario pour débutants.
« Chapitre 1 : tout ce qu’il faut éviter pour faire une bonne série ».

Black_Snape
2
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le 29 mai 2016

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Black_Snape

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