Un fist qui manque de punch

Après Daredevil, Iron Fist était l'adaptation que j'attendais le plus, non pas par intérêt mais d'avantage par curiosité. Je me demandais effectivement comment Marvel/Netflix avec son budget restreint allait pouvoir mettre en scène l'histoire d'un as du kung fu entraîné dans une cité mystique, ayant en plus acquis ses pouvoirs en dégommant un dragon. Par ailleurs, la série bénéficiait tout de même de la présence de Scott Buck et Trevor Moris, de quoi garantir un minimum de divertissement. Puis est venu, le trailer, mettant en scène Finn Jones qui manquait réellement de charisme et de carrure pour endosser le rôle, Jessica Henwick aka l'une des insupportables Sand Snakes de Game of thrones et un poing de fer fluo qui garantissait des effets spéciaux particulièrement cheap. L'élément le plus dérangeant de ces trailers, était tout de fois, le manque apparent d'identité qui s'en dégageait. Sentiment qui se confirme après visionnage de 13 longs épisodes lents et mous du genou.

Danny est donc un jeune milliardaire orphelin dont les parents sont morts dans un accident trouble. Recueilli par des moines qui l'ont initié aux art martiaux dans une cité secrète, il revient bien des années dans sa ville natale, décidé à obtenir des réponses. D'emblée, il est difficile de ne pas penser à Batman ou Arrow. Adoptant un schéma narratif vu et revu, la série arrive bien trop tard et souffre d'un arrière goût de déjà vu avant même que le spectateur n'ait bouclé le premier épisode. Le manque de moyen du format série, n'a pas non plus permit à Iron Fist d'exploiter en profondeur la dimension mystique de la série. Ce qui est un mal en soi, car la série aurait réellement gagné à se démarquer des autres séries du genre en allant plus loin dans le mysticisme. Contrairement aux trois précédentes séries consacrées aux Defenders, Iron Fist ne parle pas au spectateur car il ne fait qu'évoquer des thèmes périmés et n'offre aucune réflexion ou second niveau de lecture.

Daredevil exploitait le thème de la dualité intérieur à travers Matt et Wilson Fisk, le bien fondé d'agir au dessus des lois, les divergences morales entre le fait de se plier aux règles et de tomber dans la justice expéditive, l'affirmation de soi. Jessica Jones traitait du traumatisme du viol, de la haine de soi en adoptant une approche plus féministe. Luke Cage incorporait une réalité sociale et traitait de la culture afro-américaine. Iron Fist en revanche ne raconte pas grand chose, si ce n'est des intrigues familiales vues et revues. La série loupe également le coche en sous exploitant complètement Kun Lun. Jamais la série ne s'attarde sur des flash backs qui aurait non seulement permis de davantage contextualiser les enjeux mais également de donner plus de corps à la psychologie et le dilemme du héros. A ce titre, la saison 1 d'Arrow avait fait un meilleur travail. En résulte le fait qu'a chaque fois que le pauvre Danny invoque Kun lun, Shou lao, Lei kun et autres conneries, le spectateur, à l'image de ce pauvre SDF dans le premier épisode, ne peut que hausser les épaules avec désinvolture. Ca ne parle pas au spectateur car ce n'est pas travaillé pour un sous, il pourrait sortir quinze noms provenant d'une page prise au hasard dans le seigneur des Anneaux ça aurait le même effet ! La série frôle même le nanardesque, notamment lors de l'épisode du tournois ou le héros voit des visions d'un moine (sans doute son mentor mais ça n'a pas d'importance puisqu'il n'apparaitra plus du tout par la suite) lui balancer des banalités façon Karaté Kid.

La dualité du personnage déchiré entre le désir de retrouver une famille et d'être l'arme vivante qu'il est sensé être, est également traité avec maladresse. Là ou la dualité d'un Matt Murdock, bon chrétien qui se déguise en démon, avocat respectueux des règles le jour et justicier aux méthodes musclés la nuit, était palpable et crédible il est difficile de croire aux tourments de Danny Rand car il n'a pas de double vie. Tout ce qu'il fera 13 épisodes se résumera à ergoter qu'il est à la fois le putain de destructeur de la Main mais sans pour autant aller jusqu'au bout de son devoir et qu'il est également Danny Rand mais sans pour autant prendre activement part à la gestion de son entreprise. Bref, il ne ressort même pas grandit après 13 épisodes. Il est toujours le même bon gars candide, un peu con sur les bords. Et là est l'un des autres problèmes majeures de la série, Danny Rand est de très loin le Defenders le plus lisse et le plus inintéressant. Finn Jones à défaut d'être charismatique fait ce qu'il peut mais l'écriture simpliste de son personnage ne lui permet à aucun moment de briller. Le personnage fini même par être particulièrement irritant de par son immaturité et son manque totale de clairvoyance. Là ou Matt, Luke Jessica passait un cap émotionnel et ressortent grandit, le pauvre Danny n'aura finalement que démontrer qu'il était un mauvais gardien, un mauvais ami, un mauvais stratège et un très mauvais homme d'affaire. J'en suis même venu à avoir plus de sympathie pour l'ami d'enfance Ward, un peu connard sur les bords mais pas totalement pourri.

Qui dit mauvais personnage central, dit également mauvaise intrigue car à ce niveau rarement Iron Fist surprend. Croyant chaque fois bien faire, le petit Danny ne fera que se faire manipuler et tromper par tout le monde et foncera tête baissé sans aucune stratégie dans n'importe quel piège et s'étonnera con comme il est de voir que les choses tournent mal. On passera le mot sur la crédibilité du personnage qui affirme sans arrêt être une arme vivante, le destructeur de la main et qu'il ne peut pas perdre mais qui finalement ne fait rien de bien méchant ou répréhensible.

Le manque d'identité visuelle de la série contribue également à rendre Iron Fist très peu mémorable. Les scènes d'actions sont certes fluides mais manque d'impact, d'autant qu'ils ont tendance à éviter les plans rapprochés pour éviter qu'on discerne que les chorégraphies manquent parfois de finesse. Le tout pourrait encore passer si la série garantissait quelques scènes spectaculaires mais là encore Iron Fist demeure le Defenders le moins impressionnant. Non seulement, son poing fluo fait très cheap mais par dessus le marché il ne l'utilise que très rarement, même au sein des combats. Le générique donne d'ailleurs très bien la couleur en mettant bien plus en avant les coups de pieds que les coup de poings (ça aurait été Iron Foot je dirais pas mais là....)

Quand est il de l'antagonisme ? Si le charismatique Wilson Fisk et le terrifiant Kilgrave faisaient rêver, les méchants de Luke Cage avaient déjà fait baisser le niveau. Iron Fist enfonce malheureusement le clou en passant à tour de rôle sur 3 méchants qui ne bénéficie jamais de l'éclairage nécessaire pour briller. Gao, introduite dans Daredevil parvient à maintenir son aura mystérieuse et garder une certaine présence mais elle demeure trop en retrait en fin de série (et visiblement elle n'est doté du don de télékinésie que selon les besoins du scénario), Bakuto est encore plus inintéressant que Nobu, quand à Harold Meachum, en dépit de la bonne prestation de son acteur, jamais le personnage surprend, enfermé dans l'archétype du "méchant patron d'entreprise véreux". Le comble étant qu'il essaye même de nous surprendre avec un twist téléphoné en fin de saison

La série développe un peu plus la Main, qui était de loin le pire aspect de la saison deux de Daredevil. Là encore les scénaristiques retombent dans le même piège, n'osant pas aller trop loin dans l'aspect mystique de l'organisation pour ne pas trancher avec la teneur plus réaliste de la série. Résultat, ils nous produisent une secte le cul coincé entre deux chaises : mi-secte ninja diabolique, mi-mafia mais aux motivations et à la structure très floues.

Le reste des personnages ne relèvent malheureusement pas le niveau, certains semblent même un peu schizo sur les bords. Colleen n'est rien de plus que le love interest du héros et par dessus la romance est d'une rare mièvrerie, digne d'une des bouses de la CW. Claire commence à prendre un peu trop d'importance. La voila catapulté love interest de deux Defenders, infirmières, siderckicks, psy, comic relief. A ce stade elle finira par avoir sa propre série. Joy est d'une rare fadeur et d'un intérêt très secondaire, quand à Ward il fini par faire plus rire qu'autre chose.

Si les séries Marvel pouvaient se targuer d'être plus sombres et matures que les infâmes daubes de la CW, Iron Fist semble toutefois constituer un grands pas en arrière. Dialogues très superficiels, voir mous, romance mièvre, morale puritaine, débat pseudo philosophique sur le bien fondé de tuer son adversaire en déca de ce qui avait été fait dans Daredevil. Il est difficile de croire par moment que cette série sera lié à Daredevil et Jessica Jones.

Les problèmes de rythmes déjà palpables dans les 3 précédentes séries Netflix se font aussi cruellement sentir ici. De long dialogues ne sont pas un problème, lorsque l'écriture suit mais malheureusement ici, jamais l'intrigue en cours ne passionne. En outre, la série n'est pas non plus dénué de moments profondément stupides entre un millionnaire qui va se péter la main pour qu'on lui donne des médoc alors qu'avec le fric qu'il a, il pourrait certainement se fournir chez tous les dealers de la ville, le pauvre Dany qui semble étonné en plein tournoi de découvrir que la secte de meurtrier qu'il est sensé détruire n'est pas honorable, le chi du héros qui semble s'activer selon les bons plaisir du scripts ou encore Joy qui après avoir noyé un scandale nuisant à la santé de plusieurs citoyens commence à nous sortir "on serait pas un peu méchant sur les bords des fois ?".

L'estocade finale étant le dernier épisode où

Bref Iron Fist est l'exemple même du dernier arc réalisé à la va vite avant le crossover final. Crossover qui commence à m'inquiéter au vue de la baisse de qualité progressive qui touche les adaptations Marvel. Y a plus qu'à espérer que The Punisher et la saison 3 de Daredevil remontent la pente.