je suis pas la première à le dire, mais jessica jones n'est pas une série de superhéros, c'est une série avec des superhéros. Pas d'origin story (enfin si, évidemment, mais par touches, et sans dramatisation abusive), et pas d'identité secrète, ses pouvoirs sont une part normale de sa vie ("I’m not hiding, but I’m not advertising"). Dans la forme non plus, les codes des histoires de superhéros sont relativement absents, la série emprunte plutôt aux romans policier, voir les références au genre pulp notamment dans le générique. Jessica Jones est détective, boit trop (vraiment trop), ne se soucie pas de son apparence et a un lourd passé, des attributs classiques de personnage masculin.
Car la série aborde des thèmes féministes, avec des personnages féminins complexes, et des relations entre femmes qui comptent. L'arc de la saison 1 est centré sur le méchant Kilgrave (David Tennant, impressionant, comme d'habitude) (oui promis quelqu'un se demande à voix haute où il est allé chercher son nom), bad guy dans un costume tiré à quatre épingles, qui a le pouvoir de contrôler l'esprit de n'importe qui et de leur faire faire ses quatre volontés. Il a du pouvoir, il en use, en abuse et s'en amuse, bref il est terrifiant. Il est terrifiant parce qu'il incarne une figure qui existe déjà, Kilgrave c'est la personification poussée à l'extrême d'une relation abusive: il a été "avec" Jessica, il contrôlait tous ses faits et gestes, et si lors d'une confrontation avec jessica elle utilise pour la première fois le mot de viol, l'idée était déjà implantée dès le début de la série.
Alors oui, le scénario a parfois quelques faiblesses, quelques trous, dans l'ensemble ça se tient, et même très bien, surtout au niveau émotionnel. En passant, même si c'est pas accessoire du tout, bravo à la série pour avoir une atmosphère très sombre et traiter de thèmes sombres sans tomber ni dans du cynisme réchauffé, au contraire les relations positives et sincères sont une partie essentielle de la série, avec Luke Cage (que j'a hâte qu'il ait sa série) et surtout sa meilleure amie Trish, ni dans du gore vaguement sadique, avec un portrait du traumatisme et des traces qu'il laisse très vrai et subtil.
Qu'est-ce que j'oublie avant de terminer? Les personnages secondaires et leur traitement sont inégaux, Malcom est très réussi, mais on ne comprend pas vraiment pourquoi Jerry a une place si importante)