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Les films de super héros me font chier à mourir depuis le premier Avengers à peu près (c'est par là que je situe l'overdose - voire peut-être même avant en fait). Jessica Jones m'était totalement inconnue mais en regardant un peu au hasard après une énième volée de navets sur Netflix j'ai failli retrouver une lueur d'espoir de voir enfin quelque chose d'intéressant cette année (soyons sincères, Stranger Things est un putain de pétard mouillé).

J'ai été surpris de retrouver les codes du films noir ici : le détective sur le retour, abonné aux histoires de cul les plus pourries pour gagner sa croute, l'histoire d'amour impossible (même si bon, c'est pas vraiment la femme fatale qui se joue d'elle), un brin d'alcoolisme (qui ne vient pour autant pas altérer l'histoire), peu de relations et beaucoup de conflits, un tueur bien glauque, des enquêtes la plupart du temps correctes. Jessica Jones doit aussi dealer avec elle-même et va devoir apprendre à bien se connaitre pour en découdre avec le grand méchant. Son parcours initiatique est bien géré, elle se retrouve bien cassée physiquement et moralement et sera souvent à la limite du bien-pensant, renforçant là-aussi la référence à certains films noir.
Le lien entre tout ça et le côté (super-)héroïque se tient également et ne vient pas casser le semblant d'alchimie qui fait qu'on peut regarder l'ensemble de la saison sans se lasser. On n'abuse pas trop de scènettes d'actions inutiles pour montrer qu'ils peuvent quand même sauter haut et se faire des bobos mais c'est principalement "Kilgrave" (quel nom de merde) qui va nous enchainer démo sur démo, ce qui n'est pas pour déranger étant donné que c'est un des méchants les plus intéressants qu'il ait été donné de voir dernièrement.
Il a le mérite d'illustrer avec suffisamment de finesse ce que représentent les personnes manipulatrices et les effets qu'elles ont sur leur entourage. Malgré le côté super-vilain, ces effets sont correctement décortiqués et montrent bien toute la finesse de la manipulation et combien en étant extérieurs, les agissements des victimes peuvent sembler tout à fait naturels et les isoler complètement du monde des vivants.


Pour autant, le jeu d'acteur a fini par me refroidir. Certaines scènes redondantes et d'autres montrant rapidement les limites du duo d'acteurs principaux ont fini par sonner faux à mes yeux/oreilles.
Un méchant qui perd ses nerfs les 2/3 de la série et en perd par conséquent tout charisme. Une héroïne qu'on attend parfois un peu plus perdue, à d'autres moments plus cinglante mais qui finalement se retrouve être plutôt monocorde. Les dialogues sont plutôt bons mais leur diction est toujours sur le même ton.
C'est presque comme si le lien entre film noir et film de super-héros avait fini par devenir trop pesant: Entre flottements et assurance, on n'arrive plus vraiment à identifier Jessica.
Entre machiavélisme et désemparement, on ne sait pas si Kilgrave est puissant ou simplement un ado boutonneux énervé.
On retrouve les mêmes défauts chez les acteurs secondaires. Chacuns cantonnés à leurs petits rôles, ils ne s'en émancipent jamais non plus et restent relativement fades comparé au potentiel qu'ils trainent presque comme un fardeau.


L'autre gros points faible tient dans la réalisation, le propre des bons films noirs résidant dans l'ambiance. Si ici on retrouve encore une fois un paquet de codes maintes fois étrennés, entre le bureau cassé, recassé et re-recassé, les bars, la vie de nuit et des meurtres glauques, aucune scène ne nous scotche vraiment au canapé. Les lumières sont plus que quelconques, peu travaillées et n'aident en rien à créer une ambiance. La musique ne vient pas vraiment aider puisque le thème principal, celui du générique qui aurait fait fureur dans les années 90, ne m'a pas semblé particulièrement récurrent et m'a plutôt fait regretter la bonne vieille musique un peu bluesy qui vient généralement accentuer la mélancolie du héros.
Vient enfin la réalisation. Là aussi, j'attendais du méchant des scènes tordues, la crème, presque dignes du Joker. Et si du côté des suicides contrôlés il est d'une grande imagination, seules les scènes du sécateur et des 4 pendus sont correctement amenés et surprenantes. Le reste est prévisible, casse complètement notre immersion dans l'enquête et fait plus l'effet d'un gros soufflé que d'une pièce montée.


Un tel potentiel ne devrait pas être mis entre les mains de personnes aussi moyennes dans la réalisation et la scénarisation. Le personnage peut-être pas suffisamment connu à sans doute refroidit à investir plus sur ce point. Espérons qu'il reste un potentiel aussi important à traiter pour la suite. J'ai l'affreuse sensation que la machine à fric est en route mais que l'essence même de l'histoire vient déjà d'être consumée.

Bouga
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le 23 août 2016

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