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Après le sympathique Daredevil, Netflix continue d'exploiter le filon Marvel avec une héroïne méconnue, Jessica Jones, en reprenant la même recette qui a fait son succès. L'impression de déjà-vu rend rapidement la série ennuyeuse, surtout qu'elle souffre d'un casting déplorable avec une Krysten Ritter, devenant rapidement agaçante.


Jessica Jones (Krysten Ritter) est une détective privée, dont les enquêtes se résument surtout aux adultères. Elle travaille en étroite collaboration avec Jeri Hogarth (Carrie-Anne Moss), une avocate sans scrupules. Mais une de ses affaires va la ramener à son passé et réveiller les démons, qu'elles tentent de noyer dans l'alcool.


C'est une série plus "adulte", que les productions Marvel et DC Comics adaptées sur le petit écran. Elle se veut réaliste. L'ambiance est feutrée, comme dans un polar de Dashiell HammettRaymond Chandler.


Jessica Jones (Krysten Ritter) est une écorchée vive. Elle traîne son mal-être, cela se ressent dans sa manière de se mouvoir, où elle ne sait pas quoi faire de ses bras. Cela se lit aussi dans ses yeux, avec sa manière d'être en permanence agacée. On le voit aussi dans son rapport avec l'être humain. Elle ne veut pas d'attaches et fuit son amie Trish Walker (Rachael Taylor). Il faut dire que tout ceux qui l'entoure, finissent par décéder.


Comme souvent, les super-héros sont orphelins, où on subit un traumatisme dans leurs enfance (l'un engendrant aussi l'autre). Daredevil a perdu sa mère, puis est devenu aveugle. Batman a vu ses parents assassinés devant ses yeux. Spiderman a été élevé par sa tante et son oncle, après le décès de ses parents. Luke Skywalker est aussi un orphelin, mais pas vraiment. Bref, la liste est terriblement longue, on est pas loin d'un génocide envers les parents de nos futurs héros.


Krysten Ritter, finit par rapidement taper sur les nerfs. Elle est toujours énervée, même durant les scènes de sexe avec Luke Cage (Mike Colter). Elle ne décompresse jamais, même après avoir vidé une nouvelle bouteille de whisky. Elle ne respire vraiment pas la joie. Elle n'aime rien. Elle n'a aucune passion, mais une obsession, Kilgrave (David Tennant). Enfin, c'est plutôt lui qui est obsédé par elle. Elle ne change jamais de vêtements, sauf lors d'un épisode. C'est dire comme ce détail en apparence anodin, marque l'esprit. C'est aussi la preuve de la pauvreté des intrigues proposées.
Il ne se passe pas grand chose, durant les 13 épisodes. Un format de 6 épisodes, comme le font les anglais, aurait été plus judicieux. C'est intéressant d'instaurer une ambiance, de dessiner un profil psychologique aux divers personnages. Mais cela aurait été aussi une bonne chose d'avoir quelque chose à raconter. Hors, c'est du remplissage. Kilgrave devrait être mort depuis longtemps. L'attitude de Jessica Jones énerve Luke Cage, tout comme le jumeau fade de Captain America, Will Simpson (Wil Travers), mais aussi le spectateur.


On peut comprendre qu'elle veuille sauver une accusée manipulée par Kilgrave. Mais quand l'affaire est réglée, cela ne change rien à sa passivité. Alors pour combler les nombreux moments creux, on nous raconte le passé de la pauvre Jessica Jones, comme celui de Trish Walker, vu que les deux sont intimement liés. Pourtant, il y avait matière à créer d'autres intrigues : Jessica Jones va-t'elle enfin faire la vaisselle ? Non, parce que c'est assez étonnant de ne pas voir des cafards envahir son appartement délabré, où la porte vitrée est constamment fracassé. D'ailleurs, en dehors de son toxicomane de voisin (Eka Darville) et des voisins bruyants habitant au-dessus d'elle. On ne croise pas grand monde, alors que vu le bordel lors des combats où moments torrides pour garder le spectateur en éveil. Il y a de quoi venir se plaindre, où d’appeler la police. Mais bon, personne ne vous entend crier dans New-York.


On a aussi un côté soap, avec la romance entre Jessica Jones et Luke Cage, mais aussi Trish Walker et Will Simpson, Jeri Hogarth et Pam (Susie Abromeit), sans oublier celle entre Kilgrave et encore Jessica Jones. On va avoir droit à du : je t'aime, mais notre amour est impossible, puis finalement je crois que je ne peux pas vivre sans toi et enfin, non, je ne peux pas te pardonner, adieu, etc.... Le bonheur n'existe pas. Il n'est même pas éphémère, mais utopique. Le seul couple est celui qui a engendré Kilgrave, cela ne donne pas très envie de procréer où de rester en vie.


Le casting est déplorable. David Tennant s'en sort bien, dans un rôle à contre-emploi. Du moins au début, la suite sera moins glorieuse. Il est dans l'ombre au début, comme Wilson Fisk (Vincent d'Onofrio) dans Daredevil. Ses apparitions mettent un peu de piment dans la vie morose de Jessica Jones. Mais lorsqu'il se fait de plus en plus présent, il perd de sa saveur et s'effondre comme la série. Certes, il garde plus longtemps le nez hors de l'eau, ses petits camarades de jeu ayant déjà bu la tasse depuis un bon moment. Il faut dire qu'en dehors de l'insupportable Krysten Ritter, on dirait qu'ils ont pris les derniers acteurs disponibles, en raclant le fin fond des auditions.


Mike Colter est inexpressif et indestructible. En dehors de ça, il se ballade avec une serviette autour de la taille, pour réveiller la libido de Jessica Jones. Rachael Taylor est blonde, à part ça, pas grand chose, même si on lui a refilé Wil Traval en petit ami blond, car on reste entre soi. C'est surement le pire de tous (oui, il bat même Krysten). C'est le sosie fade de Chris Evans, qu'il soit énervé, calme, blessé où con (il va l'être souvent). Il n'est jamais crédible (sauf pour le côté con). Eka Darville est au même niveau, sauf que là je dois avouer que c'est plus un détail physique, qui me perturbe dès qu'il apparaît. Vous avez remarqué que sa tête est minuscule par rapport au reste de son corps ? On dirait le patient assis dans la salle d'attente à côté de Beetlejuice. Enfin, Carrie-Anne Moss manque toujours autant de charisme, en offrant le même visage que dans Memento et Matrix.


On pourrait aussi discuter longuement du pouvoir de Kilgrave. Il devrait pouvoir renverser un état, vider une banque, diriger une armée et donc détruire le moindre de ses ennemis. Mais comme souvent, on donne un immense pouvoir pour instaurer la peur, alors qu'au final, il n'en fait pas grand chose. Cela marche aussi pour Jessica Jones, où Luke Cage. Ils sont si forts, que lorsqu'ils galèrent face à un quidam, on sent qu'on se fout un peu de notre gueule.


Même la mise en scène finit pas lasser. Son esthétisme est la même que dans Daredevil. La série n'a aucune identité, on dirait un copier/coller insipide, où la seule différence vient du fait d'avoir une héroïne. C'est d'ailleurs rare d'avoir une femme dans un premier rôle, dans ce genre de séries. Dommage de ne pas avoir un scénario plus intéressant, tout comme une actrice moins insupportable, pour donner envie aux chaines et créateurs, de créer plus de séries autour d'elles.
Pourtant, on retrouve parmi les réalisateurs John Dahl. Il était doué pour mettre en scène des polars sombres, avant de se consacrer uniquement à la télévision. Son style colle parfaitement à cet univers, mais on en revient à la pauvreté des intrigues proposées. On tourne en rond, cela n'avance pas et les révélations provenant du passé, ne rendent pas l'histoire plus passionnante, ni l'héroïne attachante.


Le début de Jessica Jones était prometteur. Malheureusement, la suite ne sera pas à la hauteur des attentes. L'ensemble perd de son intérêt au fil des épisodes, même si cela se réveille un peu sur la fin. On a toujours ce sentiment de remake fade de Daredevil, avec ce côté anti-héros, qui ne fonctionne pas cette fois-ci.


La saison 2 de Daredevil arrive le 18 mars. Luke Cage est aussi prévu pour le courant de cette année, mais Mike Colter ne m'a pas convaincu. Iron Fist et The Defenders en 2017, en espérant que Netflix n'applique pas la même recette à ses nouvelles séries. La noirceur a parfois du bon, mais il faut aussi de la profondeur et de bons acteurs, pour la rendre; d'une certaine manière; appréciable.

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le 8 janv. 2016

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Laurent Doe

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