Un bon démarrage, puis c'est le drame (Critique pour Begeek.fr)

Malgré un léger essoufflement dans la recette et quelques défauts mineurs, Luke Cage est encore une réussite pour Netflix du côté des séries Marvel.

Le 30 septembre dernier, Netflix proposait sa 3ème série Marvel. Après les très appréciées Daredevil (deux saisons, une troisième confirmée) et Jessica Jones (une saison, une deuxième confirmée), Luke Cage était attendu au tournant pour confirmer l’expression “jamais deux sans trois (succès)”. Après avoir visionné la première saison dédiée au Power Man, à la question “Luke Cage est-elle une réussite ?”, notre réponse sera “oui, mais”.

Une série chargée d’Histoire et de culture

Commençons si vous le voulez bien par rappeler le court synopsis de la série de Cheo Hodari Coker (Southland). Déjà aperçu dans Jessica Jones, Luke Cage est un ancien détenu doté d’une force surhumaine et dont la peau est indestructible. De retour à Harlem, confronté aux malfrats locaux il va devoir choisir entre utiliser ses capacités pour lutter contre le crime ou laisser faire et se contenter de ses boulots de plongeur et balayeur de cheveux.

Sorte de mélange entre les deux séries précédemment citées, Luke Cage apporte malgré tout quelque chose d’unique sur la table. En effet, malgré son antagoniste principal gangster Cornell “Cottonmouth” Stokes qui rappelle un peu Wilson Fisk, ou encore son héros régulièrement perdu comme l’est Jessica Jones, le show possède une ambiance qui lui est propre. Cela est dû à son cadre, puisque Harlem a une aura plus rétro et assurément plus riche et prononcée que Hell’s Kitchen ou East Village.

Certaines scènes réunissant des mafieux rappellent même régulièrement The Wire et l’arrivée soudaine d’Idris Elba n’aurait pas été choquante. Ce cadre apporte également une touche musicale pleine de jazz, de hip-hop et de soul qui change radicalement des habitudes, tandis qu’au-delà de l’évocation d’importants moments et personnages de l’Histoire afro-américaine et de la blaxploitation, les sujets abordés sont nombreux et variés.

C’est bien simple, Luke Cage donne régulièrement plus l’impression d’être une série politique où les super-héros existent qu’une série de super-héros. Les thématiques abordées dénotent d’une volonté de la production de raconter et montrer des choses, notamment via le personnage de Mariah (Alfre Woodard) qui veut que “Harlem reste noire”. Il est ainsi question de racisme, de sexisme, de communautarisme, d’enfance difficile dans la rue ou encore de corruption. Par ailleurs, le fait d’avoir un héros noir qui se fait régulièrement cribler de balles par des policiers souvent blancs aura assurément un écho aux États-Unis.

Le fond est soutenu par la forme puisque la réalisation très réussie proposée par Netflix depuis Daredevil est toujours là, notamment avec sa photo très plaisante à l’oeil. On pourra simplement relever quelques plans un peu trop forcés dans le badass histoire de chipoter (typiquement un gros plan sur le visage d’un personnage qui sort une punchline en prenant la pose) ou encore des situations où il faudra laisser son scepticisme de côté et simplement se laisser porter par le récit.

Par ailleurs, ce côté badass un peu forcé se ressent également du côté du casting. Si la vaste majorité de ce dernier est irréprochable et respire même le charisme (mention spéciale à Mahershala Ali dont le rire est mémorable ou encore Simone Missick qui propose une Misty Knight très sympathique), certains seconds rôles jurent avec le reste. On pensera notamment à Theo Rossi en Shades ou encore Erik LaRay Harvey en Diamondback dont la majorité des interventions tirent trop dans le surjeu ridicule. Même chose pour les dialogues qui font régulièrement mouche, mais ratent de temps en temps la cible.

Concernant Mike Colter, il parvient à donner une nouvelle épaisseur à son personnage taciturne mais au grand coeur de Luke Cage et une fois encore Rosario Dawson en Claire Temple nous régale de sa présence. Cela dit, celle-ci fait également partie de l’un des petits problèmes de la série, à savoir son impression de léger déjà-vu. Malgré son cadre différent des autres séries Marvel de Netflix, il nous aura fallu attendre plus de la moitié de la série pour véritablement être surpris par un élément de scénario.

De plus, le show prend régulièrement un peu trop son temps pour développer son intrigue et a besoin de scènes d’action un peu gratuites pour réveiller le spectateur. Le rythme n’est pas mauvais, mais l’envie de binge watcher l’intégralité du show d’une seule traite comme cela avait été notre cas pour Daredevil n’était pas là.

Cela dit, Luke Cage parvient comme les autres à s’adresser à la fois aux néophytes (qui n’auraient pas vu les shows précédents ou qui n’y connaissent rien à Marvel) et aux connaisseurs en y glissant quelques références aux comics et au MCU. Il est d’ailleurs assez clair qu’avec cette série le but est également de s’adresser à un public pas forcément concerné par les super-héros. Une bonne idée qui pourra cependant frustrer un peu les fans qui attendaient plus de liens avec Daredevil et Jessica Jones.

Luke Cage : tl;dr

Luke Cage n’est peut-être pas une réussite aussi franche que Daredevil ou Jessica Jones, mais la série reste assurément un nouveau succès pour Netflix. Le 3ème larron de la bande qui sera présent dans la mini-série The Defenders se voit définitivement bien introduire dans l’univers télévisé Marvel grâce à un show aux thématiques fortes et à l’ambiance unique, dont les petits défauts (en dehors de sa seconde moitié beaucoup moins réussie que la première) sont finalement assez vite pardonnés.

Critique originale : https://www.begeek.fr/luke-cage-avis-derniere-serie-marvel-signee-netflix-217543