Columbeau

La série compile tous les clichés du genre policier, avec une mise en scène quasiment similaire de la première à la dernière saison, du premier au dernier épisode. Mais un élément agrémente cette série, et la rend toute singulière: là où d'autres se contenteront d'un enquêteur aux gros bras, n'ayant jamais froid aux yeux, l'air horriblement prétentieux, Patrick Jane, admirablement incarné par Simon Baker, réhausse le niveau des enquêtes, de leur dénouement mais aussi de leur déroulement. Humour, cynisme trahissant une profonde mélancolie, notre antihéros est d'une très grande classe, et n'aime pas les armes. Non, ce n'est pas ce bourrin beau-gosse musculeux qui pète la gueule aux méchants, au détour d'interrogatoires musclés: il boit du thé et ne sait pas se battre, d'ailleurs il ne fait que lire, entre deux résolutions d'enquêtes, qu'il prend invariablement comme un jeu, détaché du métier (il n'est du reste qu'un simple consultant). Non, pas une once de violence policière chez ce génie, il fait pire: de la torture psychologique, l'appréhension du coupable dans toute sa complexité, et surtout dans toute sa tragique condition humaine. Pas de biologisme poussif comme chez les experts ou les petits génies d'Esprits criminels. Juste une compréhension philosophique de l'insondable cruauté de notre espèce. Derrière le comique, le talentueux illusionniste, se cache un homme sensible, un nouveau modèle d'enquêteur, classe, érudit, et sensible, auquel on peut s'identifier, en tant qu'homme, sans déplorer l'excès de testostérone ou de lourdeur qui sont le lot quotidien des héros masculins à la télévision. D'autres se sont essayés après lui, mais peu ont égalé en charisme, comme en jeu d'acteur.