Réveiller le mort qui dort

Je n'écris d’habitude pas sur les séries (sauf animes), encore moins avant d’avoir fini leur visionnage. D’ailleurs, je laisse Smile faire son taf avec brio pour donner envie de devenir un légume sur canapé. Mais cette fois je n’ai pas trop le choix étant donné qu’aucun de mes éclaireurs n’a d’activité sur Waking the Dead (15 notes seulement), série de la BBC sortie en 2000. Il faut bien que quelqu’un fasse le boulot, donc je me jette à l’eau.

Cela fait quelques temps déjà que je découvre avec délectation les séries policières anglaises. De Endeavour et sa superbe reconstitution des années 60, à Line of Duty et ses ripoux, en passant par la passionnante Wire in the Blood qui vous glace le sang, Luther qui veut tout casser et Wallander perdu dans les paysages contemplatifs suédois, sans parler de Life on Mars so 70s, on ne s’ennuie pas chez les rosbifs, loin de là. Le "pitch" est simple, Waking the Dead est une version british de Cold Case : Affaires Classées de nos amis d’Outre-Atlantique. Que dis-je, c’est même une version antérieure à l’américaine (bien entendu, comme souvent). Mais soyons honnête, outre le nom de la section Cold Case, il y’a une énorme différence entre les deux shows, un gouffre même. Pourtant je suis de celles (non, pas Benabar svp) qui ont apprécié le côté voyage temporel de Cold Case (US). Mais ce qui rend Waking the Dead aussi géniale (j’ose le dire), c’est que comme souvent dans les séries britanniques, on prend son temps. Eh oui, on vous a menti toute votre vie, il est difficile de résoudre une enquête criminelle en 40 min chrono. Dans Meurtres en sommeil, il faut au moins deux épisodes de 60 min chacun pour arriver à une fin solide, et c’est avec plaisir qu’on se les enfile. Les histoires sont riches en rebondissements, en déballages psychologiques, en preuves scientifiques réalistes, tout en étant parsemés de quelques traits d’humour enveloppés par la retenue so british. L’équipe est en cela très attachante, chaque individu a une place particulière loin d’être interchangeable, et on sentirait presque le lien qui les unit, en plus de leurs capacités et de leur professionnalisme. Le Patron, j’ai nommé Boyd (Trevor Eve) mène son petit monde à la baguette mais sait se faire apprécier et reconnaître ses erreurs quand il le faut. Ayant un contrepoids féminin en la personne de Grace, psychologue profiler de son état, sur laquelle il n’a pas vraiment de pouvoir, on évite l’image du chef sans faille qui peut tout contrôler. Et puis il y’a autre chose, le crime est sombre chez les britons. Souvent les affaires sont loin d’être simples et le suspens de deux heures accroît notre intérêt et ne gâche en rien le plaisir de retrouver la bande pour une nouvelle enquête. On creuse, on scribouille, on se souvient, on tâtonne et on réfléchit dans Waking the Dead, et ça c’est bien, c’est certain.

Je dois être honnête, je n’en suis qu’à la seconde saison du show, mais je me devais d’en parler et de vous faire part d’une bonne série criminelle méconnue qui devrait avoir une place de choix dans les collections du genre. Alors, à ceux qui aiment comme moi les crimes et leurs bassesses, en plus du flegme et de l’accent anglais, courez-y sans vous retourner car Waking the Dead vous attend!

Edit (jusqu'à la saison 6): Toujours aussi bien, même si certains épisodes sont plus intenses que d'autres. Normal vu la différence d'enjeux et de réalisateurs. La musique est parfois trop présente et Boyd devient de plus en plus imbuvable (sûrement à cause de l'âge :P). Et puis, le revers d'avoir une bonne harmonie entre les personnages, c'est que quand ils changent, la cohésion se perd un peu.