La trajectoire du Nightflyer a été brutalement stoppée par un objet bien identifié : le bashing. Les spectateurs ont décrit cette série comme étant un nanard cosmique, dans laquelle en gros on comprend rien et on s'ennuie ferme. Alors je sais pas trop ce qu'il s'est passé, peut-être que certaines personnes peu sensibles à la SF ont vu le nom de George R.R. Martin et se sont imaginées quelque chose de semblable à Game of Thrones... Je sais pas. En tout cas on s'en tiendra à une seule saison car face à une telle branlée des critiques, les producteurs ont naturellement évité de tendre l'autre joue.
Et pourtant c'est bien. Très très bien. En fait, j’en pense l’inverse de tout ce que j’ai pu lire.
On ne s'ennuie pas une seconde, il suffit de voir le premier épisode pour être dans le bain. La scène d'intro n'est pas très engageante je l'admets, mais lorsque les personnages sont posés, les enjeux deviennent passionnants. La série lorgne rapidement vers l'horreur et l’assume. Et contrairement aux habitudes du genre, le principal adversaire sera souvent le cerveau humain.
Il y a constamment de belles idées de SF : le hacking matérialisé dans de véritables décors, l'IA insaisissable, l'usage de la télépathie, les spores, le coup de la sonde...
Et bien que constitué de têtes inconnues, le cast est excellent. Les personnages ont tous leur part d'ombre, leurs tourments et cela les rend profondément humains.
Sur le plan visuel, Nightflyers brasse le chaud et le froid. Il y a de belles idées de design et parfois on frôle le kitsch. Je suis resté indulgent sur les FX car le boulot reste remarquable dans l'ensemble pour une série. Je regrette simplement le découpage un peu trop "télévisuel" qui manque d'âme et qui n'expérimente pas des masses.
En tout cas on a là une série de science-fiction généreuse, qui tient franchement la route et qui possède son lot de temps forts. Elle n'est clairement pas exempt de défauts, mais rien ne justifie un tel élan de condescendance à son égard. C'est un peu naïf, mais peut-être qu'elle aura un second souffle et trouvera finalement son public pour ne pas sombrer définitivement dans les abysses intersidérales des séries annulées.