Par le passé, Le Guerriers d'Abel nous avait montré toute la contradiction que Saint Seiya pouvait engendrer. Ce long-métrage accumule les idées foireuses comme aucun autre dérivé de la célèbre franchise - à commencer par la résurrection des Gold Saints tombés au Sanctuaire, et avec une puissance franchement revue à la baisse - mais réussit à s'extirper de la fange grâce à une technique irréprochable, une des plus belles musiques de Seiji Yokoyama, un côté contemplatif jusque-là inimaginable dans cette série, un traitement touchant des émotions des personnages principaux, et un dynamisme inédit dans la mise-en-scène des combats. Tout cela pour aboutir à un des meilleurs animes estampillés Saint Seiya. Soul of Gold, dans une moindre mesure, reproduit ce tour de force, celui de partir avec les pires bases possibles, pour un résultat loin d'être catastrophique.


La comparaison entre les deux s'arrêtent là. Car Shigeyasu Yamauchi, le réalisateur des Guerries d'Abel, ne fait plus partie de l'aventure, et parce que l'anime doit sortir des studios de Toei Bengladesh ; donc pour la qualité technique, abandonnez tout espoir. Il n'y a vraiment que la musique à retenir de ce côté, avec quelques thèmes débilement épiques - mais qui fonctionnent bien - et d'autres plus touchants, qui ont au moins le mérite de trancher avec le passé.
Nous disions donc : Soul of Gold part sur des bases désastreuses. Il se déroule durant la Greatest Eclipse (idée foireuse n°1), met en scène les Gold Saints morts pour détruire le Mur des Lamentations mais revenus à la vie (idée foireuse n°2), se déroule à Asgard (pourquoi pas), et ne sert qu'à promouvoir une nouvelle gamme de Myth Clothes (mais la vente de figurines était déjà le but de la première adaptation).


Alors, évidemment, il y aurait beaucoup à redire. En tant que passionné de Saint Seiya, j'ai appris à ne plus rien attendre des nouveaux avatars de la franchise, afin de les apprécier sans essayer de les remettre dans leur contexte. Et puis, le manga contenait déjà son lot d'incohérences. Je peux donc accepter l'existence de cette série et son synopsis axé sur la résurrection des personnages favoris des spectateurs. Néanmoins, j'aurais peut-être plus de mal à accepter le revirement total de Deathmask, sous prétexte qu'il a aidé les autres Saints pendant la saga d'Hadès ; autant l'attitude d'Aphrodite peut se comprendre, autant lui est passé du dernier des connards à Wolverine : il joue les durs, c'est un mauvais garçon, mais c'est pour mieux cacher qu'un coeur bat derrière sa carapace d'indifférence. Le même décorait pourtant sa Maison avec des macchabées. Le procédé ne sert qu'à justifier sa collaboration avec les autres Gold Saints, mais je pense que les auteurs ne sont pas dupes, puisque le personnage inédit de Fafner de Nidhogg hérite justement de l'ancienne personnalité de Deathmask ; et les deux ne peuvent pas se sentir.


Nous partons de loin, mais comme indiqué tantôt, il y a pourtant bel et bien des éléments à sauver dans cette série, qui en font un divertissement appréciable. Déjà, pour ma part, cela me fait plaisir de revoir Asgard. Les auteurs arrivent plutôt bien à justifier leur univers et le retour des Gold Saints, et nous offrent une histoire qui se tient, avec une gestion parfois fine des protagonistes, lesquels évoluent en parallèle, avec des trajectoires et des buts différents. Même si la seconde moitié plonge dans un schéma connu, et que le scénario réutilise quelques idées déjà employées auparavant - notamment dans La Bataille des Dieux ou dans Asgard, comme les épées des God Warriors ou la dualité feu/glace - la première partie propose un cheminement inédit. Concernant l'écriture, je ne regrette vraiment qu'un combat final trop long, là où d'autres, comme celui de Helheim, paraissent expédiés.


C'est donc agréable à suivre pour peu que nous apprécions l'univers et les Gold Saints (et que nous ne soyons pas trop pointilleux) mais Soul of Gold possède malgré tout une dernière qualité notable : tenter de proposer quelque chose de différent des précédentes séries. J'ai déjà mentionné la musique, mais cela ne se limite pas à ce point en particulier. Voir les Gold Saints interagir entre eux et affirmer leurs différences - en un mot : exister - et mettre en scène des affrontements vivants loin du relatif statisme de la première adaptation télévisée (alors que le studio ne s'en donne pas forcément les moyens), cela dénote d'une approche somme toute inédite. Le scénario fait des erreurs, mais il a le mérite de tenter, même si cela ne réussit pas toujours. Par rapport à des animes Hadès qui se contentaient d'une transposition molle et d'une gestion hasardeuse de la musique de Seiji Yokoyama, ou d'un Lost Canvas certes divertissant mais qui évitait surtout de sortir des clous, cela change. Et c'est déjà très bien.

Ninesisters
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le 10 oct. 2015

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