Samurai Champloo
8.2
Samurai Champloo

Anime (mangas) Fuji TV, Animax (2004)

Quand tu veux t'inventes l'eau chaude, connard !

Un trio de personnages louffoques, qui s'insultent (et insultent beaucoup les autres) pendant une grosse vingtaine d'épisodes. Voilà Samurai Champloo.
L'approche m'a beaucoup fait penser à Afro Samurai. Du hip-hop, des samurais badass, un objectif un peu bidon. La plus grosse différence ici est la présence de Fuu, et l'installation dans un contexte plus réaliste vis à vis de l'époque. Vous ne trouverez pas les anachronismes d'Afro. Une autre grosse différence ? Fuuuuuuu !


Pour résumer rapidement, Fuu est une serveuse qui se fait embêter par des méchants pas gentils. Elle se fait sauver par Mugen, une sorte de Samurai-SDF-traîne-savates, et Jin, un rounin bien plus classe et propre sur lui. Les deux s'engueulent ensuite pour savoir lequel est le meilleur. Et ils se battent. Ça finit mal et ils sont condamnés. Fuu les sauve. Mais en échange, elle leur demande de devenir des porte-sabres pour l'accompagner dans sa quête du samurai qui sent le tournesol.
Oui, voilà le synopsis. Oui, jusqu'à la fin.


"Ce n'est pas un anime sur cette quête, c'est un anime sur le voyage pour amener à cette quête."


Les épisodes seront ensuite une succession d'aventures qui leur permettront de rencontrer une multitude de personnages tous plus étonnants les uns que les autres.
La vraie "quête" de l'épisode ne se résoudra qu'en deux ou trois épisodes. Ce n'est pas un anime sur cette quête, c'est un anime sur le voyage pour amener à cette quête. Et c'est ce qui en fait un anime que l'on est pas obligé de dévorer d'un coup. L'anime est aussi parfait comme bouche-trou occasionnel que comme œuvre à dévorer. Dans cette approche errante, il m'a fait penser à Mushishi.


"Ici, les deux protagonistes jurent comme des charretiers à longueur d'épisode."


Il est temps maintenant que je vous avoue une chose terrible que j'ai faite. Je l'ai regardé en VF. Je déteste les animes en VF. On y perd en saveur, on y perd en authenticité (on y perd aussi si la traduction est mal faite, je vous le concède), et on y perd en émotion ; à mon avis. Ici, ce serait presque le contraire. Laissez moi vous expliquer pourquoi.
Du peu que je connais de la langue japonaise, les insultes y sont rares, et ressenties comme très offensantes et très grossières. Alors qu'en français, nous avons l'habitude d'en user et d'en abuser dans notre vie de tous les jours, quelque soit le contexte. Ici, les deux protagonistes jurent comme des charretiers à longueur d'épisode. Ce qui amène à s'en rapprocher terriblement. Ce qui m'avait plus dans Afro se retrouve ici. Ce naturel dans les dialogues. Un bon gros "ferme ta gueule, connard" aide toujours à tisser des liens. Bref, le français vaut le coup. C'est rare, j'ai peine à écrire ça, mais le français vaut le coup. J'ai re-regardé quelques épisodes en japonais, et trop habitué aux voix et aux expressions françaises, j'ai abandonné. Honte à moi.


"C'est ce lien un peu forcé entre les personnages qui en fait un groupe à part, et encore plus marrant qu'à l'accoutumée."


Revenons à nos moutons. Je vous présente rapidement les trois héros pour finir de vous donner envie. Tout d'abord Fuu. C'est une fille pas bien forte, pas bien futée, pas bien rapide, même pas bien jolie (enfin c'est elle qui le dit, et Mugen qui n'arrête pas de la critiquer parce qu'il n'aime que les gros seins, parce que moi je la trouve plutôt mignonne ^^), enfin pas bien superhéroïne. Une fille normale, en somme. Mais motivée comme personne, et débrouillarde quand il le faut. Et elle assume son statut de boulet, elle ne se présente pas comme une grande courageuse qui tombera finalement face à plus fort, avant d'être sauvée par ses princes charmants. Non, c'est une fille qui cherche juste un samurai et qui saura se faire accompagner par les deux grands gaillards pour la protéger jusqu'à destination ; un peu contre leur gré. C'est ce lien un peu forcé entre les personnages qui en fait un groupe à part, et encore plus marrant qu'à l'accoutumée.
Mais qui sont ces chevaliers errants ? Aucune idée (en fait, si, mais je vais pas tout vous révéler).
Mugen est un rustre, mal coiffé, mal présenté, qui se bat n'importe comment, mais qui compte sur ses réflexes et son inspiration pour surpasser ses concurrents. Jin est une véritable machine à tuer de précision, il maîtrise au contraire chacun de ses mouvements et semble beaucoup plus sage.
En vérité, ce sont deux asociaux qui tiendront leur parole pour accompagner Fuu non sans essayer tout de même de se faire la malle une ou deux fois. Leur honnêteté et leur franchise en font des personnages vraiment attachants. Même s'ils passent parfois pour des gros connards (sic). Ah voilà que je me vulgarise.


"Cet anime est une traversée du Japon, faisant de ses épisodes autant de cours sur cette culture."


Bref, un magnifique voyage dans une période passionnante de l'histoire du Japon, dans un contexte mondialiste assez inédit dans un anime (enfin dans le tout public en tous cas). Les étrangers ont une place de choix dans ces épisodes. L'arrivée du monde occidental et le choc des cultures y est maître. Sans parler de l'importance de la chrétienté. Cet anime est une traversée du Japon, faisant de ses épisodes autant de cours sur cette culture. À travers les yeux de notre trio de choc, on découvre le monde qui s'ouvre au Japon. Mais on découvre aussi le Japon qui s'ouvre (ou pas) au monde ! je ne maîtrise pas assez ce pan de la culture japonaise pour donner un avis, que ce soit sur la véracité des contes, ou sur l'état d'esprit général qui ressort des différents "groupes". Entre le gouvernement, les bandits de grands chemins, les organisations plus ou moins puissantes, les groupes religieux, les loups solitaires, motivés par une quête ou non, et surtout monsieur tout-le-monde, on s'ancre vite dans le pays tel qu'il est dépeint. Les aventures de nos renégats ne sont parfois pas les tribulations les plus extraordinaires que les villages qu'ils traversent ont rencontrées.


Bref, c'est frais, pas vraiment fin, très drôle, très attachant et prenant (on peut le regarder de temps en temps comme je le disais, mais vous ne pourrez pas vous arrêter une fois lancés !). Le tout étant porté par une OST vraiment géniale. Le mélange des genres (hip-hop et jidai-geki) passe super bien, et ne choque jamais par une incohérence, étonnamment.

zgouingo
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 2 sept. 2016

Critique lue 586 fois

1 j'aime

zgouingo

Écrit par

Critique lue 586 fois

1

D'autres avis sur Samurai Champloo

Samurai Champloo
Velvetman
10

A la pointe de la falaise, se trouve le malaise du tournesol.

Pas le temps de respirer, le générique donne le tempo. Immédiatement, l’osmose est là. Au gré des beats hip hop old school de Nujabes et du flow ravageur de Shing02, Samurai Champloo se dévoile...

le 16 mars 2015

109 j'aime

7

Samurai Champloo
Brume_Ondeblois
5

La fine fleur... fanée.

Attiré par l'esthétique bigarrée, la notoriété de la série et le nom pour le moins particulier de la chose, je me suis attaqué en deux jours à la série Samuraï champloo. Au final j'en retire une...

le 28 juil. 2013

45 j'aime

2

Du même critique

Snake Pass
zgouingo
7

Comment j'en suis venu à haïr les colibris

N’essaie pas ! Fais-le, ou ne le fais pas ! Mais il n’y a pas d’essai. — Maître Yoda. Quel con ce maître Yoda !! Il n'a jamais joué à Snake Pass !! — Moi. Fall and Retry, the hard...

le 23 févr. 2018

1 j'aime

Conan le Barbare
zgouingo
8

"What is the riddle of steel?" -- Pour l'amour de l'art...

Quand John Milius rejoindra Basil Poledouris auprès de Crom, il saura quel est le secret de l'acier ! De l'art cinématographique... Parfois, les vils objectifs pécuniaires des producteurs n'empêchent...

le 13 mars 2018

1 j'aime

Samurai Champloo
zgouingo
8

Quand tu veux t'inventes l'eau chaude, connard !

Un trio de personnages louffoques, qui s'insultent (et insultent beaucoup les autres) pendant une grosse vingtaine d'épisodes. Voilà Samurai Champloo. L'approche m'a beaucoup fait penser à Afro...

le 2 sept. 2016

1 j'aime