Snowfall
7
Snowfall

Série FX (2017)

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Si vous n'en avez pas marre des histoires de dealers...

... vous ne pouvez qu'adorer cette série sur l'arrivée du crack à L.A.


Snowfall c'est un peu Traffic de Soderbergh rencontre Breaking Bad rencontre The Wire rencontre les films de Scorcese rencontre la reconstitution historique type Madmen ou The Deuce. Et ne pas pouvoir parler d'une série sans évoquer d'aussi bonnes références est assez rare.


De Traffic il y a l'idée de traiter de la drogue du très gros importateur à la rue, à travers 3 intrigues principales s'entrecroisant très peu, d'un agent de la CIA chargé de s'occuper de financer les armes des Contras en organisant l'importation de cocaïne aux jeunes noirs pauvres qui distribueront le crack dans les rues, la troisième s'intéressant à un échelon intermédiaire, celui des cartels mexicains.


De Breaking Bad y a le coté galères et ascension de dealers amateurs, engrenage de la violence et des erreurs entraînant des dilemmes moraux et reniements, personnage forcé de cacher ses activités à sa famille (enfin sa mère ici) et un suspense très bien entretenu à coups de twists de fins d'épisode.


De The Wire il y a, outre le coté choral de la série, cette manière d'avoir une approche très sociologique et politique des choses mais sans pour autant adopter un regard froid ou se priver d'avoir des personnages hauts en couleur qui caractérise les séries de David Simon. Rien que les premiers épisodes, qui consacrent de longs plans à nous faire découvrir le South Central presque idyllique d'avant l'arrivée du crack, quartier pauvre mais paisible, donnent envie de suivre la série pour le voir lentement plonger en enfer (si il faut espérer qu'elle durera assez de saisons pour en arriver au stade terminal) et sonnent comme une assurance qu'elle ne sera pas que l'histoire de personnages mais d'une société. Et tous les personnages de cette partie de l'intrigue peuvent être reliés à une "big picture" qui est l'histoire de la communauté noire post combat pour les droits civiques, thème qui émerge peu à peu au fil des confrontations du "héros" (si on peut appeler ainsi un futur dealer de crack) avec la génération précédente. Enfin, on retrouve beaucoup de Stringer Bell dans ce personnage de Franklin Saint, le jeune mieux éduqué et plus sérieux que les autres, qui réfléchit en termes de marché et voit la drogue comme un moyen de réaliser ses rêves d'ascension sociale malgré un jeu qu'il estime truqué.
Dans les autres arcs, le mexicain tourne aussi beaucoup autour de la question de position sociale, mais ici d'un homme du peuple, catcheur orphelin, dans un monde de la drogue dominé par une grande famille mafieuse, ou encore de celle d'une femme dans cet univers.


Des films de Scorcese il y a la démesure de certains personnages secondaires de gangsters et de leur violence, ou de scènes orgiaques accompagnées d'une bande son impeccable et pleine d'allusions (Monkey Men des Stone pour une des scènes de fête les plus scorcesiennes...). Le coté taré ou dominé par leurs pulsions de certains protagonistes (un agent de la CIA sortant d'une dépression oscillant entre génie et manie, son prédécesseur hédoniste mourant d'une overdose lors d'une orgie, un trafiquant complètement excentrique qui a pour passions de tester des gilets pare balles sur ses hommes ou de jouer au bowling avec des bouteilles de champagne...), tranchant avec le coté fresque sociale d'autres parties de la série.


Et enfin une recréation si impeccable de ce début des années 80, avec un énorme travail sur les décors, les véhicules, les musiques, etc.. pour que chaque plan nous rappelle l'époque, qu'elle n'est pas sans évoquer tout ce qui se fait de mieux comme séries historiques.


En résumé, énorme coup de cœur pour cette série que j'ai découvert il y a 2 jours sur Canal à la demande et visionnée depuis jusqu'au bout sans pouvoir m’arrêter, si certains lui reprocheront sans doute un trop grand mélange des genres et des styles, et des épisodes un peu trop hachés par ces intrigues parallèles et aux ambiances très différentes ne se croisant que très peu.


J'ai vu qu'elle n'avait pas reçu l'accueil mérité de la critique et du public américains, mais à mon avis c'est plus lié à l'overdose de séries sur des dealers qu'un réel jugement sur sa qualité. Pour peu qu'elle ait le loisir de durer 4 ou 5 saisons, plutôt que d'être obligée de bâcler la suite (elle est renouvelée mais ira t'elle au delà de la seconde ?), je la verrai bien trouver sa place comme série culte au coté des illustres références qu'elle me fait évoquer.
Il y a tellement à raconter dont on ne voit que les prémices dans cette première saison introductive, entre les histoires d'espionnage et luttes de pouvoir au sein de la CIA liées à l'Iran/Contra Gate, la descente aux enfers du centre de LA, l'apparition des grands gangs noirs (les fameux bloods et crisps dont l'affrontement avait été au cœur de Boyz In the Hood film le plus célèbre de son réalisateur), leurs interactions avec les mexicains, l'hypocrite campagne de guerre à la drogue de Nancy Reagan etc... Qu'on ne peut que rêver qu'on lui laisse le temps de le faire.


Je garde le coup de cœur pour la S1, et une série qui reste globalement intéressante, mais note réduite de 9 à 7 car la saison 2 n'est pas vraiment à la hauteur de mes expectations.

Antonio-Palumbof
7

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Créée

le 25 nov. 2017

Critique lue 4.5K fois

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6
5

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