Looks like a job for Superman

Kirk Alyn. Ce nom ne vous dit surement rien, mais il est pourtant le premier acteur à avoir enfilé le costume du kryptonien aux pouvoirs surhumains. Une décennie après sa naissance en comics, Superman se voyait enfin transposer à l'écran avec de vrais acteurs (parce qu'il y eu le cartoon au début des 40's) via un serial de 15 épisodes oscillant entre 15 et 20 minutes. Chaque épisode suit l'intrigue du précédent et se termine sur un cliffhanger pour capter le spectateur et lui rendre l'attente de l'épisode suivant impossible. Du coup, c'est comme un gros film de quatre heures coupés en morceaux donnant la part belle à l'action.

Car chaque épisode montre les exactions des méchants sous la houlette de Spider Lady, grande adversaire du jour, dont la première apparition fait rire avec son petit bandeau pour masquer les yeux ressemblant à un masque de sommeil auquel on aurait percer deux trous pour qu'elle y voit. Et la clique de journalistes se retrouve à fouiner où il ne faut pas, requérant l'intervention du héros à un moment où un autre, Clark Kent se planquant où il peu pour aller enfiler le costume, faisant l'équilibriste niveau timing pour garder l’anonymat.

Noel Neill nous propose une Loïs Lane pleine de répondant dans ses dialogues et son jeu d'acteur, mais elle est malheureusement bridée par la mentalité macho d'usage en ces temps reculés, sans compter ses décisions stupides la mettant en danger sur quasiment tout les épisodes. Jimmy Olsen (un très bon Tommy Bond) ne manque pas de courage mais se fait constamment ridiculiser à la bagarre avec son petit gabarit. Perry White sent bon le rédacteur en chef plein d'autorité, cigare cloué au bec et grande gueule, un rôle qui va comme un gant à Pierre Watkin. Kirk Alyn (bizarrement non crédité) et sa corpulence massive rentre bien dans le costume. Si son job sur le personnage de Clark est excellent, en Superman, on ne peut s'empêcher de sourire au vu de certaines de ses poses et des petits gestes de danseur (il a pratiqué en pro).

Le serial s'en sort remarquablement bien niveau effets spéciaux. Pour palier à tout les problèmes liés au vol, c’est une version cartoonesque de superhéros qui est intégré dans les plans filmés. Le résultat est surprenant, et, en plus d'accentuer le coté comics de l’œuvre, donne une originalité certaine pour l'époque. Après, petit budget oblige, la doublette de réalisateurs utilise déjà les combines d'usages d'époques pour gagner de la pellicule. Vive les stock-shots, très nombreux sur la fin. Le format court des épisodes annihile toute longueur et le rythme reste très soutenue permettant à l'ensemble de divertir sans problème. Quelques thèmes sonores pompeux en mode recyclage pour appuyer le propos et c'est emballé.

Dommage que ça montre rapidement ses faiblesses narratives, usant d’explications vaseuses pour justifier des retournements de situations improbables. Et t’as l'impression que l'aventure se déroule sur une journée vu que tout le monde porte les mêmes fringues du début à la fin. Petit budget, ok, mais quand même ! L'épisode d'ouverture reste le plus intéressant avec le passage sur Krypton et la jeunesse du héros, offrant un schéma différent des 14 suivants dans la construction.

L'aventure est intéressante et m'a bien diverti. Pour un coup d'essai, c'est pas mal.